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Libye : Informer pour désinformer. RFI, bras médiatique de Haftar ?
dimanche 10 mai 2020, par
Notre propos concerne RFI et le traitement médiatique de l’épisode de Mesrata en Libye.
La désinformation à laquelle s’adonne RFI en ce moment est récusable, non professionnelle.
Dans l’article consacré à la Libye "L’aviation du maréchal Haftar pilonne Misrata", au-delà du soutien qu’il est libre d’apporter au Maréchal proclamé Hafter, l’action de RFI semble verser dans une propagande où le mensonge se taille la part du lion. Analysons.
Le journal en question semble avaliser, accréditer l’idée non avérée, voire complètement erronée, d’une armée qui tantôt est appelée "armée nationale libyenne" tantôt désignée par "armée arabe Libyenne". Dans les deux cas, il s’agit d’une armée informelle dirigée par un Maréchal, Haftar. Qui est donc ce fameux maréchal Hafter qui fait frémir la politique étrangère française ? Qui est ce maréchal Hafter pour qui RFI s’auto-désigne comme son bras médiatique pour la France et pour le monde ? Quelles en sont les finalités ?
Sur la base d’une documentation moissonnée et examinée, issue de sources diversifiées, la nature attestée des services de Haftar comme “ancien agent de la CIA” "https://www.franceculture.fr/geopolitique/qui-est-le-marechal-haftar-chef-de-lautoproclamee-armee-nationale-libyenne" ]], autoproclamé responsable d’une faction constituée de militaires et de mercenaires venus renforcer ses rangs, il agit en dehors du droit international. Il n’a cessé d’en piétiner les règles en lançant des offensives sur Tripoli et sur les régions berbérophones à l’ouest du pays.
Ses puissants soutiens étrangers, dont la France, ont fait de lui un maréchal dans le seul but d’assurer des intérêts purement géopolitiques. Le soutien de la France est une entorse non seulement à la démocratie, mais surtout au droit international et à la paix.
Ce terroriste d’un autre genre fait frémir la politique étrangère française, au point de l’inviter à plusieurs reprises. Mais, le rôle d’un journal comme RFI n’est-il pas de nous éclairer et de nous clarifier les contours et les reliefs de ces rapprochements - contre nature - avec Hafter la nuit et le soutien officiel au gouvernement d’El Saraj le jour ? Ce n’est pas à force de s’asseoir sur deux chaises, de faire le grand écart, que la France n’a jamais guéri de son épisiotomie ?
Nous attendions d’un organe d’information international comme RFI qu’il nous explique, informe et renseigne sur les conditions psychologiques qui rendent possible une alliance entre un pays comme la France - pays des droits humains - et les Emirats arabes unies, un des sponsors de l’islamisme international.
Avec la Russie, deux poids deux mesures. D’une part, l’alliance en Libye ; d’autre part, des tensions entre la France et la Russie autour du problème syrien. Pourquoi RFI ne nous aide pas à comprendre pourquoi, contrairement aux Britanniques, la France n’appelle pas à la sanction du maréchal Haftar seul responsable de la récente escalade de violence ?
Vous vous êtes affranchis de l’obligation d’informer et vous versez dans cette entreprise de désinformation et d’intoxication en faveur d’un maréchal autoproclamé et illégitime. Laquelle désinformation est vécue comme une injustice par les populations locales. Votre article a tendance à légitimer cette escalade de violence en déformant les données factuelles. En faisant passer des attaques sauvages pour des actions de défense des intérêts libyens, vous faites preuve d’une désinformation flagrante et vous garantissez, par la même, une propagande assurant ainsi le service après-vente du maréchal.
Les faits sont éloquents et vous n’en évoquez aucun :
Il n’existe aucune référence dans vos informations sur la Libye concernant les forces militaires berbères/amazighes, composées d’unités originaires d’At-Willul (Zouara) et d’Adrar n Infusen (Nefoussa), et dotées de leurs propre chambres d’opérations qui n’ont cessé de faire face, depuis le début du mois d’avril 2020, à toute une coalition (Egypte, Arabie Saoudite, Émirats arabes) à la rescousse de Hafter. Le 8 avril, votre journal avait oublié de rapporter l’information selon laquelle les troupes de Hafter avaient bombardé l’aéroport de la Mitiga [1] encore une atteinte au droit international. Vous avez également omis de souligner que les combats violents du 9 avril près de la ville Zaoura opposaient les forces amazighes de Zouara aux mercenaires (Egypte, Soudan, Tchad, Mali, Niger…) au service du maréchal. Votre journal ne fait aucunement état de frappes par drones des Emirats sur la ville de Jadou dans la nuit du 13 au 14 avril 2020 où huit combattants amazighs sont morts. Vous ne rapportez pas, non plus, l’assaut sur la base aérienne de Watya détenue par les forces de Hafter où le commandant de la sécurité, Oussama Amsik Zentani, et son adjoint, sont morts. Dans le vocabulaire étymologique de vos articles ne figure point de noms de lieu comme Zouara, Adrar infussen (Nefousa), Nalut, Djado… à se demander dans quelles régions sont vos reporters de guerre ? Voilà comment le maréchal Hafter construit sa légitimité, en tournant le dos à "ce machin", aux résolutions de la communauté internationale avec la bénédiction de votre journal.
L’AFP et RFI sont-ils le bras médiatique de Kahlifa Hafter ? Sinon comment expliquer cette entreprise de désinformation qui fait d’un terroriste, un protecteur des intérêts Libyens ? L’ambiguïté entretenue par vos journaux respectifs à propos de l’appellation même du groupe de Hafter, “Armée nationale Libyenne”, ou “Forces armées arabes libyennes”, relève d’une arrière - pensée insupportable.
Nous doutons de votre honnêteté intellectuelle en tant que journal dont le rôle exclusif est d’informer les citoyens, de rapporter des faits et d’observer une stricte neutralité. Vous distillez des informations en fonction des rapports de force du moment, une forme d’opportunisme médiatique. Hafter a, semble-t-il, séduit le monde occidental par la promesse de lutter contre le terrorisme, en étant sponsorisé par les plus gros commanditaires de l’islamisme mortifère dont l’Arabie Saoudite et les Etats arabes Pétrodollars sont les artisans officiellement reconnus et courtisés.
C’est comme lutter contre la drogue avec Escobar.
Cet engouement, médiatique et médiatisé, pour Haftar, un “hors la loi”, qui préfère arriver au pouvoir par la force que par le verdict des urnes est plus que condamnable. Une forme de reconnaissance au mépris de tout respect de la communauté internationale, des conventions et de la déontologie journalistique.
Mesṭafa g’Idir
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