LIBYE : Les Berbères, ces têtes de Turcs !

Dans la guerre qu’il mène contre le Gouvernement d’union nationale (GNA) [1] de Tripoli, l’autoproclamée Armée nationale libyenne" (ANL) [2]], dirigée par Khalifa Haftar semble faire feu de tout bois dans le but de désinformer l’opinion publique nationale libyenne. Son aveuglement idéologique semble n’avoir aucune limite.

Lundi, le général Ahmed al-Mesmari, porte-parole officiel de l’ANL a partagé sur sa page Facebook une brève vidéo de 52 secondes titrée "Par le son et par l’image, des turcs se battent dans les rangs des milices terroristes de Tripoli". [3]

Cette vidéo de mauvaise qualité, publiée le 20 avril 2020,est "aimée" par plus de 6370 personnes et partagée par 643 autres a été commentée par 1680 personnes [4].

La présence des milices djihadistes armées, financées et soutenues par les émiratis et les turcs et même des terroristes d’Al-Nosra (Syrie) et de l’Etat islamique convoyés dans ce pays pour prendre part à la guerre est une réalité. Sauf que, dans notre vidéo, on ne voit pas des militaires turcs ou des terroristes barbus, pouilleux et crasseux tirer avec des armes lourdes sur des cibles lointaines, mais des jeunes de Zouara qui parlaient leur langue : Tamazight.

Des centaines de commentaires postées en réaction à cette vidéo expliquent que ces combattants originaires de Zouara parlaient Tamazight et conseillent al-Mesmari de "penser à faire traduire les vidéos qu’il diffuse sur son compte officiel". D’autres affirment que "la Libye sera la tombe des milices terroristes turques".

Les commentaires faisant allusion à la langue parlée par ces combattants sont nombreux, mais ne semblent pas être lus ou pris au sérieux.

La diffusion de cette vidéo prouve la méconnaissance de réalités libyennes par les hommes de Haftar et son aveuglement idéologique. Pour lui, les Berbères n’existent pas et s’ils ont le malheur d’exister en Libye, ils n’ont qu’un seul sort : Celui d’être exterminés.

Ce n’est pas la première fois que Haftar menace les Berbères.

Le jeudi 4 avril 2019, les Forces armées arabes libyennes, présentées comme étant l’Armée nationale libyenne (ANL), notamment par la presse occidentale, de Khalifa Haftar, qui contrôlent l’est du pays, avaient annoncé le lancement d’une opération pour "libérer Tripoli".

Dimanche 31 mars 2019, le cheikh Madkhaliste Ahmed Boudouira, alias "Abu Aissa Al-Marjaoui", a menacé les Imazighen Libyens d’extermination [5]. Il a expliqué que "la libération" de la zone Ouest qui échappe au contrôle de Khalifa Haftar doit commencer par la soumission des Imazighen qu’il considère comme des "mécréants". Pour lui, il est légitime de les exterminer.

Les "madkhalistes", du nom du cheikh saoudien Rabee al-Madkhali, est un courant salafiste qui prône "l’obéissance absolue au gouverneur", quel qu’il soit.

Aksil AZERGUI

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