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Tract du CDDCA diffusé le 7 avril 1980 à Paris
Lors du rassemblement auquel il avait appelé.
lundi 12 avril 2004, par
Compatriotes et Amis,
L’appel à ce Rassemblement du 7 avril lancé par le Comité de Défense des Droits Culturels est d’abord un geste important de solidarité aux manifestants de notre pays qui se sont jetés dans la rue malgré l’omniprésence d’un puissant appareil répressif. C’est ensuite un mouvement conscient d’Algériens responsables, qui s’inscrit dans une série de luttes que notre peuple a mené depuis toujours et mène encore contre l’arbitraire et les mesures répressives instituées par les gouvernements successifs de notre pays.
Aujourd’hui, ouvriers et intellectuels émigrés, à l’instar de nos compatriotes restés sur notre sol, nous nous élevons contre toutes mesure visant à diviser notre peuple et à nier l’identité culturelle de la nation algérienne dans sa diversité.
Nous savons tous que l’interdiction de la conférence du 10 mars que devait tenir l’écrivain Mouloud Mammeri n’est qu’un maillon de toute une chaîne ininterrompue de brimades que notre peuple subit depuis longtemps. Les exemples d’une aussi sinistre politique totalitaire et répressive sont nombreux et pour n’en citer que quelques uns, rappelons :
– la suppression de la chaire berbère de l’Université d’Alger (1973) ;
– la "fête des cerises" à Larba N’ath Iraten : 3 mort (1974) ;
– l’arrestation de jeunes, les détentions sans procès, les incorporations d’office dans l’armée (Seddouk 1974) ;
– l’interdiction de manifestations culturelles en arabe algérien et en berbère : Kateb Yacine, Ait-Menguellat, Idir, Imazighen Imula, etc. ;
– l’interdiction de quitter le territoire national à des chanteurs mozabites et touaregs devant participer au 1er festival de la chanson berbère à Paris (juin 1979) ;
– l’arrestation récente des chanteurs du groupe Azrou (Aures, janvier 1980 )...
Toutes ces mesures sont l’œuvre du pouvoir d’Alger qui exclut le peuple entier des décisions le concernant et conduit l’Algérien à toutes formes d’aliénation.
Face à cette situation qui s’aggrave de plus en plus, le gouvernement en place, seul responsable de notre misère culturelle et de la négation de notre identité, répond aux aspirations légitimes de notre peuple par une aveugle répression. C’est pourquoi, le Comité de défense des Droits Culturels en Algérie, avec le soutien de toutes les forces de justice ici présentes,
– 1° dénonce
la monopolisation des décisions, la politique d’aliénation culturelle ;
– 2° exige l’arrêt et l’annulation immédiates des mesures de détention pour activités culturelles ;
– 3° exige l’enseignement des langues maternelles en Algérie ;
– 4° s’élève contre le quadrillage policier de la population ;
– 5° se solidarise avec les manifestants à l’intérieur de notre pays dans leurs luttes pour le développement des cultures populaires (berbère, arabe algérien ) ;
– 6° appelle l’opinion publique algérienne et internationale à soutenir nos luttes pour le respect des libertés démocratiques et la reconnaissance des droits culturels inaliénables.
Paris, le 7 avril 1980
AZAGLU ALA - ANZRREZ WALA ANEKNU ! (Halte à la répression !)
TAMESLAYT NNEGH DI TMURT NNEGH (Le berbère à l’école)
YAL AGDUD YEHDAJ TILLELI (Pour les libertés démocratiques)
YIWEN USALAS UR ISALAY AXXAM (Pour l’unité populaire dans la diversité)