Tamazgha dénonce la violence de l’Etat marocain

TAMAZGHA, organisation internationale de défense des droits des Imazighen, s’inquiète de la situation qui prévaut dans la région de Tamassint (Arif).

En effet, "la marche de la colère" organisée par l’association de Tamassint chargée du suivi de l’assistance prévue en direction des sinistrés du séisme, a été réprimée par la gendarmerie marocaine.

Depuis le tremblement de terre survenu dans la région le 24 février 2004 qui a fait plus 500 morts et plusieurs centaines de blessés, la situation reste critique. L’aide de misère (30.000 DH) octroyée par les autorités n’a concerné que certaines familles. Restent des centaines d’habitants résidant essentiellement à Tamassint qui n’ont pas pu en bénéficier.

Le 11 mai 2005, le président de l’association ainsi que deux membres du Bureau dont une personne âgée de 70 ans sont arrêtés au motif qu’ils "empêchaient le fonctionnement de la Commune". Traduits en justice le 16 mai, la liberté provisoire leur a été refusée. Le 19 mai, des milliers de personnes ont répondu à l’appel de l’association pour une marche en direction de Hoceïma, à 35 kilomètres de Tamassint.

Au bout de cinq kilomètres de marche, les forces de répression s’opposent à la aux Rifains. De 10H00 à 16H00, la gendarmerie utilisera tous les moyens pour dissuader les manifestants de poursuivre leur marche : bastonnades, bombes lacrymogène lancées depuis des hélicoptères, balles en caoutchouc,... sont utilisées. Même les militants de l’AMDH [1], présents à la marche, ne sont pas épargnés. La répression ne suffisant pas, les gendarmes brûlent des récoltes de paysans de la région. La nuit, plusieurs arrestations ont lieu : des militants de l’association de Tamassint sont arrêtés au sein même de leurs foyers. Actuellement, toute la zone est encerclée par les forces militaires.

Nous ne pouvons accepter cet état de fait qu’imposent les autorités marocaines au Rif. Comme nous ne pouvons accepter le terme de "dérapage" utilisé dans certains milieux liés à l’Etat marocain puisque la situation perdure depuis plus d’une année et que l’usage de la force ne se justifie aucunement face à des manifestations pacifiques.

Nous dénonçons cette répression et nous l’interprétons comme une pure manifestation de haine et de mépris des autorités marocaines envers les populations de la région.

L’association de Tamassint réclame, entre autres, la libération immédiate et sans condition de tous les détenus à la suite de ces événements ; l’arrêt des poursuites et des harcèlements dans les rangs des sinistrés et des militants ; la levée immédiate de l’encerclement de la région ainsi que l’ouverture d’une enquête pour la détermination des responsables de la répression.

Au moment où des personnalités politiques, des médias, des diplomates occidentaux nous ressassent que l’Etat marocain est sur la voie de la démocratisation et du respect des droits de l’Homme, nous faisons l’amer constat qu’il n’en est rien. Sinon comment peut-on expliquer la répression d’une manifestation pacifique organisée par les sinistrés d’un séisme.

De son côté, TAMAZGHA apporte son soutien inconditionnel aux populations d’Arif victimes de la répression de l’Etat marocain. Elle interpelle toutes les associations et organisations de défense de droits de l’Homme afin d’agir pour se saisir de cette situation en totale contradiction avec le respect des droits fondamentaux.



Tamazgha,

Paris, le 26 mai 2005.


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