Nous sommes également des éradicateurs, M. Ouyahia !

J’ai lu la confession de foi de M. Ouyahia qui affirme avec fierté, lors du conseil national du RND : « Oui, nous sommes des éradicateurs ». J’en suis surpris car nous aussi nous sommes depuis toujours pétris d’un objectif d’éradication. Faut-il seulement que nous convenions au préalable de sa définition.

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Oui, nous sommes farouchement partisans de l’éradication d’un personnel politique qui traverse une carrière personnelle sans s’être jamais rendu compte de la main mise de commanditaires dont ils ne dénoncent ni l’illégitimité ni l’horreur de leurs actes. Sans s’être aperçu de crimes politiques, de journalistes emprisonnés, de violations quotidiennes des droits de l’homme et d’une implosion sans précédent de tous les organes culturels de ce pays.

Oui, nous sommes tous volontaires pour éradiquer la puissance tutélaire d’un système mafieux dont les protagonistes sont connus et, pourtant, hors d’atteinte de tout contrôle du droit et de la morale publique.

Oui, nous souhaitons tous éradiquer l’intolérable bannissement de nos compatriotes berbérophones hors des limites de la nation, décrétée comme arabo-musulmane par on ne sait quelle prescription exclusive.

L’éradication n’est pas seulement notre état d’esprit mais un devoir lorsqu’il s’agit de la souffrance humaine dans laquelle sont jetés des millions d’êtres humains dans ce pays qui a l’indélicatesse d’afficher les fortunes abjectes de ses dirigeants et de sa caste divine, celle des hauts dignitaires de l’armée.

Il est d’ailleurs une éradication particulière pour laquelle nous militerions jour et nuit, celle qui consiste à réformer un système éducatif qui a produit de l’inculture à revendre, de la misère à en pleurer, de l’horreur criminelle à en être répulsé.

Oui, nous sommes éradicateurs car nous voulons mettre hors d’état de nuire ceux qui font de la peine de mort un credo. Ceux pour qui la répression policière jusqu’à la mort des citoyens est une pratique quotidienne de gouvernement. Ceux qui ne sont choqués ni par un code de la famille méprisable ni par un code de l’information indigne.

L’éradication de l’intolérance, de l’injustice et, tout simplement, de la bêtise, comment peut-on douter un seul instant que nous la rejetions ? Alors, si c’est de cette éradication dont parle M. Ouyahia, je ne comprends pas pourquoi une telle profession de foi partisane alors qu’elle nous est si naturelle.

Pour parler plus directement, M. Ouyahia, la seule éradication qui nous ferait combattre à vos côtés est celle qui nous priverait à jamais du régime que vous incarnez par votre fonction, vos actes et votre profonde perception des choses.

(*) Enseignant.