Nadia Kechiche n’est plus

"Nadia Iḥemmuten" c’est ainsi qu’est connue Nadia Kechiche qui vient de nous quitter. Une dame engagée, pour les droits culturels des peuples berbères, pour l’émancipation de la Kabylie, pour la citoyenneté, contre les discriminations et les violences faites aux femmes.
Elle est décédée le 24 octobre 2022 à l’âge de 64 ans. Professeure de français dans le secondaire, passionnée de lecture, de théâtre et d’écologie. Impliquée dans la formation et la sensibilisation, elle crée, pour ses élèves du lycée du Blanc-Mesnil en Ile de France, un atelier théâtre et une revue.

Membre phare du groupe fondateur de l’Association Franco Kabyle des Bouches du Rhone (AFK13) en 2012 aux côtés de Nora Amara, Mouloud Lougani et Malika Amari, elle avait rapidement impulsé des actions de terrain comme les ateliers jeunesse, le cycle de conférences, le ciné-club au féminin,...
L’action la plus récente par laquelle elle s’est illustrée est la contribution aux actions de lancement du collectif "Tiɣri n tmeṭṭut taqbaylit" Femmes Kabyles contre la répression et l’incarcération abusive et arbitraire de militants pacifiques kabyles. Elles ont appelé à des rassemblements simultanés le 10 juillet 2021 en Kabylie et à l’étranger (France et Amérique du nord notamment). Par-delà l’organisation, elle assurait un rôle de passerelle entre les groupes mais aussi sur les réseaux sociaux et les plateformes de discussion. Ce mouvement a été interrompue par la crise Covid et les incendies de Kabylie ; elle a alors rejoint le contingent de bénévoles.
Elle avait commencé son activité au début des années 2000 au sein de l’association Ifadden qu’elle a fondé à Paris dans l’objectif de sensibiliser et d’appuyer la lutte contre la myopathie. Après une interruption, Nadia crée une association « Ifadden Aulnay » à vocation socio culturelle.
Son sens de la collaboration l’implique dans divers chantiers avec d’autres associations comme AFK-Champigny Sur Marne dans le cadre de la sensibilisation aux questions de genre et d’inégalités ce qui la conduit à organiser un banquet-couscous pour l’AFM Téléthon au nom de l’association. Parallèlement, elle poursuit son engagement auprès de AFK 13 Bouches du Rhône. Cette double présence permet à l’équipe de maintenir son activité. Ainsi, elle a assumé l’élaboration des plans de communication et l’examen des volets administratifs grâce à sa culture institutionnelle et citoyenne. Sans perdre de vue les attentes des Kabyles marseillais (ce qu’elle voyait comme une présence culturelle non seulement des rendez-vous folkloriques).
Nadia Iḥemmuten ne concevait pas le culturel sans l’humanitaire, elle a impliqué les ateliers de AFK 13 dans le divertissement bénévole auprès des personnes âgées en maison de retraite, à Aubagne notamment.
Elle était également portée sur l’éco-culture autour du patrimoine marseillais ; l’héritage provençal conjugué avec les apports du brassage et de la diversité. Elle organise des sorties grande nature aux Calanques et les Gorges du Verdon.
Sa conception du développement de la langue berbère dans une démarche active autour de la kabylité et la berbérité en général sans perdre de vue les solidarités dictées par la détresse humaine.
Par la mort, l’univers des militants et des gens dévoués ne meurt guère, il s’éclaire du travail de celui qui part, la lutte continue, se transforme, s’étend. Il n’y a d’absence que celle de la conscience.
Sa disparition laisse déjà un grand vide dans le cœur de toutes celles et ceux qui l’ont connu.
Tamazgha présente à sa famille ses condoléances les plus attristées et les assure de toute sa compassion dans ces moments pénibles.
Un recueillement est prévu ce samedi, 29 octobre 2022 de 14 h à 17 h au 3 bd Testanière dans le 5e arrondissement de (13005) Marseille Timone (chambre Mortuaire, APHM Timone).

La Rédaction