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Métro-Montréal évoque l’amazighité de la Libye
mardi 1er mars 2011, par
Dans son édition du 27 février 2011, Métro-Montréal publie un article signé par Antoine Char et intitulé Le « printemps berbère » de Kadhafi.
Dans cet article, l’auteur revient sur la politique anti-amazighe de Kadhafi ainsi que le rôle que pourraient jouer les Amazighs (Berbères) pour "semer les graines de la démocratie dans la nouvelle Libye".
Au moment où l’écrasante majorité des médias martèle l’opinion de "révolution arabe", de révolte de peuples arabes, de situations dans les "pays arabes", Métro-Montréal a le mérite de lever le voile sur une réalité historique de la Libye et rappeler à ses lecteurs l’amazighité de la Libye te de l’Afrique du Nord de manière générale.
Le « printemps berbère » de Kadhafi
par Antoine Char
27 février 2011
Mouammar Kadhafi adore les chevaux berbères. Il en est fou. Le dictateur libyen use et abuse des meilleurs qualificatifs quand il parle d’eux. Lorsqu’il évoque le nom des premiers habitants de son pays, il porte des œillères. Les Berbères sont tout simplement inexistants. L’après-kadhafisme ne se fera en tout cas pas sans eux.
Les Amazighs, "hommes libres" en langue berbère, seraient un million en Libye. Peu importe le nom qu’ils portent, pour Kadhafi ce sont des "Arabes, un point c’est tout". Si l’Afrique du Nord est d’ailleurs "100 % arabe", c’est parce qu’il n’a jamais voulu compter la trentaine de millions d’Amazighs vivant au Maroc, en Algérie, en Tunisie et, bien sûr, dans son pays, où il les a marginalisés depuis son arrivée au pouvoir en 1969.
Si une bonne partie des Maghrébins sont des Berbères arabisés, en Libye, contrairement au Maroc ou même en Algérie, les Amazighs sont absents des livres d’histoire : l’expression "Arabes anciens" est utilisée pour parler d’eux, même s’ils vivent dans le nord de l’Afrique depuis 5000 ans — des milliers d’années avant la conquête islamique. Leur langue n’est pas enseignée, et il est surtout interdit de la parler en public. Les prénoms berbères sont proscrits. De manière générale, exprimer sa "berbérité", c’est vivre dangereusement.
Pas surprenant donc de voir ces jours-ci les Amazighs monter aux barricades contre la "Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste" conçue dans la tête de Kadhafi. Zouara, leur fief dans l’ouest, a d’ailleurs été une des premières villes à s’extirper des griffes du "guide suprême". "Toutes les localités amazighes ont été libérées. Nous avons participé au soulèvement dès le premier jour", explique fièrement au téléphone Madghis Madi, un Canado-Libyen d’origine berbère installé à Ottawa depuis une vingtaine d’années.
Malgré sa politique de la terre brûlée, qui aurait fait plus d’un millier de morts en moins de deux semaines, Kadhafi va disparaître du paysage politique. Si ce qu’il laissera comme pays n’implose pas, avec ses dizaines de tribus, pour devenir un éventuel Afghanistan de la Méditerranée, il faudra compter sur les Amazighs pour semer les graines de la démocratie dans la nouvelle Libye où, plus que dans la Tunisie et l’Égypte voisines, elle aura du mal à prendre racine.
Plus l’effet domino se poursuivra dans la région et plus les Amazighs sortiront de l’ombre. Ils chercheront à internationaliser leur cause. Comme toutes les minorités brimées du monde. Leur réalité sera mieux connue. Le "printemps arabe" permettra peut-être l’éclosion d’un "printemps berbère", de la Libye jusqu’au Maroc.
Lire l’article d’Antoine Char sur Métro-Montréal.
Le « printemps berbère » de Kadhafi
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Références de l’article :
Antoine Char, Le monde sous la loupe
MÉTRO - Montréal
Publié : 27 février 2011 21:32
Mis à jour : 27 février 2011 21:33