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Manifestation bretonne, solidarité amazighe
Les Bretons veulent vivre et décider leur culture
jeudi 8 juin 2006, par
Plus de 10.000 manifestants ont défilé le samedi 3 juin 2006 à Rennes en faveur des langue et culture bretonnes.
En 2003, ils étaient beaucoup plus dans les rues de la même ville, Rennes. En effet, il faut dire que ce week-end de la Pentecôte était un week-end très chargé d’activités en Bretagne en plus de tous les départs prévus à l’occasion. C’est pour cela que l’on peut dire que 10.000 personnes est une mobilisation réussie.
La réussite de cette manifestation témoigne, plus que jamais, de l’intérêt que portent les Bretons à l’avenir des langue et culture bretonnes !
A côté de cette mobilisation réussie des Bretons, il faut noter la prise de position des élus de Bretagne. Le Président du Conseil Régional, Jean-Yves Le Drian, a publiquement, dans un entretien accordé à Ouest France (édition du 3 juin 2006) apporté son soutien à la manifestation. Et à l’exception du groupe UMP, toutes les autres forces politiques présentes au Conseil Régional de Bretagne (PS, Verts, UDF, UDB, Alters,...) ont apporté leur soutien à l’action et ont appelé à manifester le 3 juin.
L’Union démocratique bretonne (UDB) a mobilisé ses militantes et militants qui étaient nombreux à la manifestation de Rennes : les étendards de l’UDB en témoignent.
L’ensemble des forces politiques bretonnes ainsi que le monde associatif ont apporté leur soutien à cette manifestation. Ainsi, le Parti Breton qui a appelé à participer à la manifestation se dit partager "les préoccupations des instances culturelles bretonnes qui ont appelé à ce rassemblement que ce soit pour l’avenir du breton ou du gallo, pour la réunification de la Bretagne, pour l’élargissement des compétences des institutions politiques de la Bretagne". Ce même Parti Breton estime que "les problèmes de la Bretagne apparaissent clairement identifiés : ils sont liés à l’impossible réforme du modèle étatique français avec le maintien d’un mode de gestion ultra centralisé qui étouffe toute véritable démocratie locale" et conclut, dans son communiqué, que "seul l’élargissement considérable du champ de compétences des institutions politiques en Bretagne dans des domaines comme l’enseignement, la culture, la politique sociale ou économique,... peut permettre à la Bretagne de s’adapter aux défis de notre temps".
Plusieurs délégations venues d’autres pays comme l’Occitanie, le Pays Basque ou la Catalogne étaient présentes à Rennes pour apporter leur soutien à la manifestation et exprimer leur solidarité avec le combat breton. A signaler aussi une présence amazighe à cette manifestation. En effet, quelques cinq drapeaux amazighs étaient mêlés à la foule qui a sillonné les rues de Rennes ce 3 juin.
Comme toutes les rencontres bretonnes, cette manifestation était aussi festive grâce aux musiciens qui étaient de la partie.
Nous avons noté également une forte présence de la jeunesse dont beaucoup de lycéens de Diwan [1], une présence qui témoigne de l’attachement des jeunes à leurs langue et culture.
Dans une lettre adressée à Patrick Malrieu, Président du Conseil culturel de Bretagne (CCB), le Président du groupe UMP au Conseil Régional de Bretagne, Dominique de Legge, estime que si sur le thème de développement et de diffusion de la culture bretonne ainsi que celui de la réunification de la Bretagne, ils pouvaient "trouver un terrain d’entente", ils ne peuvent, cependant, en tant que groupe au sein du Conseil régional, "accepter qu’au nom de l’identité bretonne il soit fait systématiquement le procès de l’Etat". Comme si cet Etat n’était pas responsable de cette situation que vit la Bretagne !?
Dans son intervention, le Président du Conseil culturel de Bretagne, Patrick Malrieu, a dressé un bilan sur la situation en Bretagne, une situation qui se heurte, selon lui, à un mur d’incompréhension à savoir "le dogme français de la culture unique, de la langue unique, le dogme de la négation des identités autres que l’identité unique". Il estime que la Bretagne est face à un déni de démocratie et ce pour plusieurs raisons. Ainsi, sur le plan de la langue, malgré une demande très forte des Bretons, l’Etat n’ouvre pas d’écoles ou des classes, n’affecte pas les enseignants nécessaires, n’informe pas les parents des possibilités de filières bilingues,... Sur le plan des médias audiovisuels, Patrick Malrieu signale le refus des services de l’Etat, y compris aux sociétés privées, d’attribution des fréquences couvrant les cinq départements de la Bretagne historique, lesquels services de l’Etat qui ont été jusqu’à supprimer des programmes de radio et de télévision qui ont eu l’"imprudence" d’atteindre la Loire Atlantique. Sur le plan culturel, selon l’orateur, la DRAC [2] ignore la quasi-totalité des associations bretonnes dans l’affectation de ses budgets. Enfin, il n’a pas manqué de relever la contradiction des hautes autorités de l’Etat français notamment du Président de la république qui brillent par leurs discours sur la diversité culturelle qu’ils préconisent pour le monde et qu’ils ne respectent pas sur le territoire français.
C’est pour toutes ces raisons qui illustrent le décalage qu’il y a entre les priorités de l’Etat français et les choix des Bretons que les manifestants du 3 juin à Rennes demandent le transfert des compétences sur les domaines qui les concernent notamment la langue, les services publics audiovisuels et la culture.
Les organisateurs de la manifestation du 3 juin à Rennes ont fait également savoir leur détermination à poursuivre la mobilisation dans les mois qui viennent. Ils comptent interpeller les candidats aux prochaines élections présidentielles et législatives sur ces thèmes qui leur tiennent à cœur. Ils promettent aussi de faire connaître à l’opinion les réponses qui seront apportées par ces candidats.
Les Bretons sont plus que jamais déterminés à faire tout ce qui est de leurs possibilités afin de mettre d’en finir avec le dogme qui sert de prétexte à l’Etat français pour l’éradication des langue et culture bretonnes.
Ce combat n’est, sans doute, pas seulement celui de la Bretagne, il sera certainement celui des autres pays qui subissent l’Etat français et ses dogmes. Nous pensons notamment à l’Occitanie, le Pays Basque, la Corse, la Catalogne et l’Alsace.
Même si le combat n’est pas tout fait le même pour les Berbères de France, ces derniers doivent également se mobiliser afin d’arracher la reconnaissance de la langue berbère et obtenir que son enseignement soit sérieusement pris en charge par l’Education nationale. La culture berbère, quant à elle, doit bénéficier d’une reconnaissance et d’une prise en charge qui puissent lui assurer la lisibilité qu’elle mérite.
La conjugaison des efforts de l’ensemble des forces qui ont intérêt à se mobiliser peut s’avérer nécessaire : cela saura-t-il faire plier ce monstre qu’est l’Etat jacobin ? On en reparlera certainement dans les mois qui viennent !
Masin Ferkal
A lire également :
– Journée historique pour la Bretagne
– Article sur la manif de Carcassonne
Autres informations sur la Bretagne :
– Site de l’Agence Bretagne Presse (ABP)
– Site du Conseil culturel de Bretagne
– Site de l’UDB
– Site du Parti Breton
– Site de Diwan
[1] Ecole bretonne où l’enseignement se fait en breton.
[2] Direction régionale de l’action culturelle