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Anniversaire

Le MAK a quatre ans !

jeudi 16 juin 2005, par Masin

Cela fait quatre ans que le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) est né. C’était dans la tourmente du Printemps noir qui a vu l’Etat algérien user de ses forces militaires pour agresser les Kabyles. Ces derniers, malgré tout, n’avaient pas fait appel à la violence et ont préféré se mobiliser pacifiquement pour faire face aux balles des gendarmes algériens qui on tué plus de 120 personnes et ont fait plusieurs milliers de blessés dont plusieurs sont handicapés à vie.

Ce 10 juin 2005, le MAK a soufflé quatre bougies et a marqué la date par une réception organisée au Relais de Ménilmontant à Paris où étaient présents plusieurs militants, sympathisants et amis du MAK.

C’est Ferhat qui fait le discours de bienvenue, en kabyle d’abord avant de lire la déclaration faite à l’occasion en langue française.
Dans son discours en kabyle, Ferhat a déclaré que cette rencontre se veut une incitation pour instaurer des traditions de fraternité et de concertation entre Kabyles : c’est ainsi que la Kabylie saura sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Il rappelle qu’en 2001 la violence de l’Etat algérien s’est abattue sur la Kabylie tuant et blessant des Kabyles. Le malheur n’a alors concerné et touché que la Kabylie. C’est cette situation qui avait amené Ferhat et d’autres militants kabyles à lancer l’appel pour l’autonomie de la Kabylie, l’appel pour que la Kabylie prenne sa destinée en main. Ferhat estime qu’il ne reste guerre d’espoir, aujourd’hui, pour que les non-Kabyles soutiennent la Kabylie ou rejoignent son combat.
En évoquant les Archs, Ferhat dit que certains clans de ces derniers veulent nous faire croire que le pouvoir algérien, aujourd’hui, a changé et qu’il s’est amélioré.
Concernant la loi sur l’amnistie (plutôt l’amnésie), Ferhat pense qu’il s’agit là d’une loi qui lavera les mains des assassins et des criminels, ce que le MAK ne cautionnera jamais et exigera que les responsables de violence et d’assassinats soient traduits devant la justice.
Ferhat aurait du peut-être préciser de quelle Justice s’agit-il. C’est certainement pas la "justice" algérienne... pardon, il fallait plutôt dire l’injustice !
Après avoir lu la déclaration du MAK en langue française, Ferhat invite l’assistance à lever un verre de champagne pour la Kabylie et son autonomie.

Nous publions ci-après l’integralité de la déclaration du MAK.



4e anniversaire de la naissance du MAK

En avril 2001, la Kabylie était agressée sans raison apparente pour la nième fois de son histoire par le pouvoir algérien qui a envoyé ses gendarmes assassiner au grand jour nos jeunes manifestants. On connaît le bilan de ces crimes officiels : près de 120 tués, des milliers de blessés et des centaines d’handicapés à vie.

Pour protéger ses enfants, notre région a opposé au pouvoir une structure ancestrale qui a mis en branle une puissante mobilisation populaire. Celle-ci a tendu immédiatement vers la résistance politique en opposant au discours de marginalisation de la Kabylie une plate-forme de revendications démocratiques qui allait au-delà de celles propres à la Kabylie, et ce, dans le but de les faire partager par l’ensemble des Algériens... Cette plate-forme, pensait-on, avance des revendications auxquelles nombre d’Algériens aspirent mais qu’aucune autre organisation avant ce mouvement kabyle n’avait eu le courage d’exprimer. Et pourtant, il y a pléthore de « partis » en Algérie.

Le 14 juin 2001, une immense marche de près de 3 millions de Kabyles se dirige vers Alger pour remettre cette plate-forme aux autorités et exiger son application. Les marcheurs sont réprimés à Alger, où nombre d’entre eux sont tués et jetés à la mer tandis qu’une véritable chasse au Kabyle se déroule avec le concours de militants islamo baasistes encouragés par la propagande policière et officielle. Pour leur prêter main forte, des criminels sont relâchés pour l’occasion.

La marche, si elle a été soutenue par une partie de la presse, ne l’a pas été, hélas, par l’immense majorité des Algériens dont bon nombre d’entre eux ont plutôt adressé des reproches aux Kabyles accusés d’avoir causé des troubles et d’avoir des revendications irrecevables. ’« Mais qu’est-ce qu’ils veulent donc les Kabyles ? », disait-on alors, reconduisant ainsi les préjugés anti-kabyles spontanés que l’on connaît, sans même examiner le sens profond de cette tentative de la Kabylie de faire évoluer l’Algérie vers un vrai régime démocratique.

Le rejet violent des efforts kabyles en juin 2001 a montré combien il était vain de vouloir faire évoluer l’Algérie dans un sens démocratique qui n’est, encore une fois malheureusement, que l’aspiration massive des seuls Kabyles. S’il existe, en effet, une aspiration démocratique dans le reste de l’Algérie, elle est minoritaire et réduite à certaines élites d’ailleurs proches des Kabyles ; la grande masse des autres se reconnaissant dans le régime arabomusulman et dans l’autoritarisme, qui est le régime politique qui correspond le mieux à ses conceptions politiques s’enracinant dans la tradition califale dont elle a la nostalgie.

Ce 14 juin 2001, la Kabylie découvrait ce qu’elle savait déjà mais que jusque là elle ne regardait pas encore en face : qu’elle était seule à lutter massivement pour la démocratie en Algérie et qu’elle devait s’assumer désormais dans la solitude et ne s’attendre à aucun soutien significatif des autres Algériens. Aussi, de plus en plus de Kabyles vont être attentifs à ce qui s’exprimait déjà dès le 5 juin 2001 par des militants du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, qui avaient décidé de porter au grand jour la revendication d’une rupture radicale avec les illusions d’une démocratisation de l’Algérie pour faire vivre la Kabylie. Les désillusions de la Kabylie au lendemain de la répression du 14 juin ont fait naître au grand jour une conscience politique kabyle et ont montré l’existence politique d’un peuple kabyle qui aspire depuis à prendre son destin en main. Cette conscience rencontre la revendication autonomiste et en est la précieuse base qu’il faut aujourd’hui consolider.

Depuis 2001, le pouvoir n’a eu de cesse de chercher à détruire la résistance populaire du peuple kabyle. Il s’est ainsi donné de nouveaux relais locaux, infiltré le mouvement des archs, fabriqué des délégués et des acteurs politiques acquis à sa cause en leur confectionnant à travers les médias une étoffe de radicaux. Cette entreprise qui a bénéficié de moyens étatiques colossaux a quelque peu réussi puisque la destruction des archs et leur récupération sont aujourd’hui très avancées au point de faire croire que le pouvoir va appliquer la plate-forme d’El-Kseur.

Entre temps, les vrais et authentiques délégués des villages kabyles, qui sont les plus nombreux naturellement, sont marginalisés. Le résultat en est que, au grand dam des stratèges du régime, la Kabylie les retrouve déjà dans une nouvelle lutte pour l’émancipation politique du peuple kabyle qui ne peut espérer son salut que dans l’autonomie de la Kabylie. C’est dans le MAK et à ses côtés que s’organise le combat politique d’une nouvelle ère visant à bâtir un pays de progrès allant dans le sens de la paix, la démocratie et la justice sociale et surtout dans le respect des droits des peuples qui le composent, comme y aspire le peuple kabyle.

Actuellement, le pouvoir algérien met particulièrement l’accent sur un projet référendaire portant amnistie générale et visant surtout à soustraire à la justice les crimes dont il porte la responsabilité, en Kabylie ou ailleurs. Il espère aussi à travers cette ignominie s’attirer les faveurs des égorgeurs islamistes pour une alliance qui fera de l’Algérie un autre Iran ou un autre Soudan. Qui peut pardonner un crime en dehors des victimes elles-mêmes, si elles sont toujours vivantes, ou leurs proches quand elles ont été assassinées ? Le MAK ne saurait cautionner une telle démarche. « Ulac smah ulac ! » que scande la Kabylie depuis le Printemps Noir 2001 est avant tout une exigence de justice et nullement une prime à l’impunité. Il n’y a dans l’amnésie, ni éthique ni civisme.


Gloire à nos martyrs !
Vive le peuple kabyle !
Vive la Kabylie autonome !

Paris le 10 juin 2005
P/le MAK : Ferhat MEHENNI, porte-parole

Messages

  • c’est un soulagement que les kabyles font évoluer leur cause et leur démarche d’émancipation politique, sociale et culturelle. le MAK représente cet espoir de vivre enfin notre espace de liberté contrairement à la dérive orchestrée par une partie des archs qui croient au père noel et aux mensonges répétés du pouvoir algerien de renier son appartenance à la culture arabo-baathiste. Je crois que c’est un virage dangereux que prennent les auteurs du dialogue avec le pouvoir algerien et c’est pour cela que le MAK est un rempart et porte la conscience des ames kabyles meurtries par les agressions du pouvoir algerien