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"Je prépare un nouveau roman... d’amour."
Entretien avec le romancier Brahim Tazaghart
dimanche 27 mars 2005, par
Suite à la publication du roman Salas d Nuja dont Tamazgha.fr a déjà donné une présentation, notre collaborateur s’est entretenu avec le romancier Brahim Tazaghart.
Il s’arrête sur son parcours de militant de la cause amazighe en Kabylie et évoque ses différentes productions en langue amazighe ainsi que ses projets dans ce domaine.
Tamazgha.fr : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Brahim Tazaghart : Il est toujours difficile de parler de soi, de peindre un tableau de sa personne, de s’exposer aux autres autrement que par sa production et son œuvre. Ma production est ma véritable identité d’auteur ; elle est l’expression de ma personne et de ma personnalité dans un monde qui ne nous laisse que le choix de s’affirmer bien ou de disparaître.
Dans cet univers de lutte permanente pour la vie et la pérennité des peuples et des cultures, dans ce mouvement continuel de domination et de résistance, j’essaie, je tente de placer une trace sur le mur de la mémoire, de l’Histoire, pour dire à ma façon propre la volonté et le désir inégalable des miens de rompre avec la dépendance et la détresse historique.
Avant d’aboutir à ce moment précis où, face à votre question, j’hésite à apporter une réponse nette, naturelle, à l’exemple de mon peuple qui trébuche face aux défis d’un instant historique très sensible qui lui offre toutes les possibilités de l’espoir, mais qui le met face à des risques périlleux et terribles, j’ai participé pour la première fois à une marche pour tamazight à l’âge de 15 ans. C’étaient les évènements de Mai 1981. J’étais en ce moment, collégien au CEM [1] mixte de Tazmalt, ville où je suis né au printemps de l’an 1966. Au lycée Debbih Chérif d’Akbou, j’ai toujours œuvré, avec des amis bien sûr, à replacer dans chaque discussion, dans chaque cours, sur chaque mur, à chaque occasion, le débat sur la question identitaire.
A Bgayet par la suite, où j’ai suivi une formation en gestion des établissements scolaires, j’ai intégré la troupe théâtrale Tarwa n Summer au niveau de la maison des jeunes Soumari. Nous avons animé en ces années 1987-1988 la scène culturelle de la ville avec la troupe Tilelli. Notre pièce était intitulée Ilaq (i.e. Il faut) et je me souviens que, lors de la générale, beaucoup de gens avaient des appréhensions et des craintes de voir notre production interdite : Elle était trop engagée !, disaient-ils. Avec cette pièce qui a bénéficié lors de sa mise en scène de la touche et de la critique de feu Malek Bouguermouh à qui je rends hommage à l’occasion du 15ème anniversaire de sa mort, nous avons participé au Festival Slimane Azem à Hasnaoua, à Tizi-Ouzou. Nous avons joué à l’amphi Kamal Amzal. Durant le débat qui a suivi, la discussion a débordé totalement vers le politique ; annonçant à l’occasion la subordination de la chose culturelle aux impératifs de la politique, une subordination devenue intégrale avec le temps.
A la même période, nous avions créé à Tazmalt, sous la présidence de M. Aziz Yessad, la revue trilingue Rivages. C’était à l’ombre de la loi de 1987 qui autorisait l’action associative. J’étais responsable de la partie amazighe. L’expérience était magnifique et pleine d’enseignements. En effet, nous avions pu faire sous le parti unique ce dont nous sommes incapables de réalisation aujourd’hui que l’initiative citoyenne se trouve plus libre dans ses élans, que des partis porteurs de la demande démocratique sont aux commandes des affaires publiques ! L’expérience a permis le lancement en 1989 des « poésiades » de Bgayet organisées par l’association Soummam que dirigeait l’infatigable Yessad. Je me rappelle que le lancement de ce festival a coïncidé jour pour jour avec le déroulement du 2ème séminaire du MCB. J’ai choisi de rester à Bgayet où j’ai présidé le jury du concours de poésie de la langue amazigh, comme j’ai participé à l’organisation de l’exposition et des prestations des poètes. Après cela, et avec le regretté Achour Messoudi dit Achour l’MCB et Abderezak Bousekkin, dit Bizek, nous avons pris l’initiative d’appeler à une réunion qui a eu lieu au centre culturel d’Akbou. Durant cette rencontre, nous avons installé les commissions de wilaya du MCB. A partir de ce moment, j’ai un peu négligé l’écriture et je me suis donné totalement à la lutte politique.
Répondant à cette conjoncture, j’ai quitté la présidence de l’association Tazerrajt de Tazmalt que j’avais créée auparavant. L’idée qui a motivé mon retrait était de séparer la lutte politique qui implique inévitablement des divergences et l’action associative culturelle qui devait rassembler. Malheureusement, le choix n’a pas eu les résultats souhaités.
Lors du rassemblement du 25 janvier 1990, j’ai rédigé de ma main la lettre d’information que j’ai signée avec Said Khellil, Saddek Akrour et deux autres camarades et que nous avons déposée au niveau de la wilaya d’Alger. C’était un rassemblement historique, un moment magnifique, un instant capital dont la gestion a été malheureusement mal pensée et mal menée.
Voilà, je suis tout ça ; un jeune algérien de Kabylie qui veut participer à redresser la trajectoire d’une Histoire qui condamne sa langue, son identité à la disparition. Ce défi est excitant ; il m’inspire grandement et me permet de donner un sens à ma vie de citoyen. Je m’arrête ici. Et je vous dis qu’actuellement, je vis à Bgayet où je travaille. Marié sans enfants, je tente, en plus de l’écriture littéraire, de réanimer le débat sur l’identité et la démocratie à travers des contributions dans la presse nationale.
Parlez-nous un peu de votre parcours d’écrivain ?
J’ai écrit tout jeune, par besoin d’exprimer une nécessité d’être autrement, différemment que seule l’écriture pouvait porter et transformer en projet. Mon premier poème, et là je risque de vous surprendre, je l’ai écrit à l’occasion de la mort accidentelle de notre ministre des affaires étrangères, le feu Mohammed Seddik Ben Yahia, qui était dans la délégation d’Evian. C’était quelqu’un que je respectais énormément, je sentais de la sincérité et de l’intelligence chez ce monsieur. C’est ma mère qui a commencé les premiers vers, et moi j’ai fait le reste. Vous vous rendez compte ! Ma mère était tellement touchée par sa mort, perçue par tout un peuple comme un assassinat, qu’elle a déclamé des vers que moi, jeune, je me suis servi pour déterrer dans mon âme ce penchant à la parole bien faite et au phrases imagées.
A partir de ce moment, je me suis mis à écrire. J’ai écris une deuxième version du poème que j’ai consacré au 20 avril 1980.
Entre le lycée Debbih Chérif et le café n Tejnant de Tazmalt nous étions une bonne équipe de copains à nous intéresser à la lecture et à l’écriture. Avec la revue Rivages, espace de débat et de création, nous avons trouvé un moyen pour nous exprimer et évoluer dans ce domaine. A partir de là, je me suis mis à la recherche des meilleurs instruments pour m’exprimer et surtout renforcer notre revendication identitaire.
J’ai réalisé, comme tout le monde d’ailleurs, que notre défaite vient de notre recherche de la facilité, de l’absence de la trace, de notre incapacité à persister dans le chemin de la grandeur. L’affirmation de notre amazighité n’est pas toujours suivie des efforts pour faire d’elle un outil indispensable dans notre vit de société et en société, surtout dans sa dimension linguistique. Nous avons souvent évité cette résolution à aller dans le sens de l’Histoire, à vivre totalement notre culture et notre langue. Ecrire dans d’autres langues était plus facile et plus rentable sur tous les plans, alors qu’écrire en tamazight, outre que cela rencontre l’absence de reconnaissance et des moyens de diffusion, était une prise de risque et une marche vers l’inconnu. Ecrire en langue arabe que je maîtrise parfaitement, ou en français comme le fait la majorité des intellectuels démocrates, c’est consolider cette tendance amazighe à l’errance et à la migration, non pas vers d’autres terres, vers d’autres contrées, mais vers d’autres langues et d’autres cultures. Je pratique la langue française dans mon travail et mes réflexions, mais pas comme langue de rechange, pas comme un outil de substitution, mais comme une langue d’accompagnement et d’ouverture. Dans l’absolu, tous reprochent à Tartulyan (ou Tertullien), à Ajroumi, à Lemcheddali d’avoir écrit en des langues qui ne sont pas la notre, mais tous, en même temps, se condamnent au même reproche, reproduisent le même comportement. Je tente de participer de ceux qui veulent échapper à ce schéma.
C’est en voulant participer au passage de tamazight de l’oralité à l’écrit que j’ai commencé à écrire des nouvelles, car la poésie, seule, était insuffisante pour réussir cette œuvre indispensable pour le renouveau de la langue. Elles sont restées pendant des années dans mes tiroirs. Ce n’est que le mois d’avril 2003 que j’ai pu rassembler la somme d’argent nécessaire à leur publication. Je l’ai fait avec un plaisir énorme, d’autant plus que la Kabylie vivait ses moments de régressions culturelles auxquels il fallait impérativement remédier. Je voulais célébrer le printemps amazigh à ma manière, avec une publication, dans un mouvement contraire au vide et au mépris de la lettre qui commençait à s’installer.
Après cette publication, j’ai attaqué le projet de l’écriture d’un roman d’amour, et c’était Salas d Nuja.
Dans un premier temps, vous avez écrit des nouvelles. Comment êtes-vous passé au roman ?
Au début, j’ai commencé à écrire de la poésie. C’est dans le dernier numéro de Rivages, le numéro neuf précisément, consacré à Dda Lmulud, et dans un petit mot que j’ai réservé à Lounas Matoub, blessé par un gendarme à l’entrée de Ain Lhemmam (Michelet) alors qu’il distribuait l’appel au calme de l’université de Tizi-Ouzou en compagnie de Masin FERKAL et de feu Mahdi SIAM, que j’ai publié l’une de mes premières proses. Le mot était beau. A partir de cet instant, je me suis mis à écrire des fragments de textes et des petites histoires, mais aussi à traduire des textes entiers. Lors des poésiades de Bgayet - les 3èmes je pense, je ne me souviens pas exactement -, j’ai fait lecture d’une nouvelle. A la fin de la rencontre, j’ai remis deux nouvelles au regretté Tahar Djaout pour lecture et appréciation. Son avis était une sorte de visa pour l’écriture. En effet, Djaout a trouvé intéressante l’expérience et il m’a encouragé à la prolonger. C’était un homme d’une grandeur inégalable. Je vous avoue qu’à partir de cet instant, je n’ai jamais plus douté de la possibilité de faire des belles choses en langue amazighe.
La publication du recueil de nouvelles Ljerrat était une sorte de libération, un moment de renaissance, un second souffle dans ma carrière de producteur d’œuvres littéraires. Il a été bien accueilli. Après cela, je me suis dis qu’il est temps de passer à un stade supérieur qui est le roman.
Salas d Nuja était au départ une nouvelle que j’ai transformée en roman. Je l’ai réalisé en six mois de travail, mais croyez-moi, c’était terriblement difficile de pendre un roman au même moment qu’on est absorbé par ses soucis professionnels. C’était un exercice pénible, car chaque fois l’inspiration est contrariée par les difficultés professionnelles et sociales.
Dans "Salas d Nuja", le thème principal reste l’amour. Pourquoi ce choix ?
C’est un choix qui découle de la réalité du lectorat amazigh, de sa constitution, de ses besoins et qui répond en premier lieu au souci de l’intéresser et de l’encourager à la lecture. Les lettrés en tamazight sont les collégiens, les lycéens et les étudiants. C’est là une vérité qui résulte de l’enseignement de la langue amazighe à l’école. Cette jeunesse est la porteuse de notre revendication de faire de tamazight une langue de savoir et de développement. J’ai pensé que le thème qui est en mesure de la séduire est celui qui se rattache à sa vie, à ses besoins : l’amour.
En outre, l’amour est un besoin de l’homme, de la société, il est un sentiment qui humanise notre regard et notre perception du monde. Notre société est en déficit de manifestation de ce sentiment qui nous rattache à la bonté, à l’espoir et à la grandeur. Nous vivons une situation faite d’extrémisme, d’intégrisme, de violence et de haine. Quoi d’autre que l’amour peut nous faire dépasser ce cap ?
Aussi, j’ai en tête l’idée d’une collection de livres d’amour, à l’image des collections qui existent dans les autres langues. Il y a une frange de la société que ce genre intéresse, d’autant plus qu’il nous permet de traiter de nouvelles valeurs sociales que nous imposent la modernité et le temps actuel.
Bien qu’impliqué dans des combats pour l’identité berbère, la démocratie... vous laissez peu paraître vos convictions politiques dans vos œuvres. Est-ce un choix délibéré ?
Ces convictions dont vous parlez étaient fortement apparues dans ma première poésie. Je me souviens que lors d’un festival de poésie à Ain Turk à Oran, quelques temps avant les événements d’octobre 1988, auquel j’ai participé avec le groupe Rivages, j’ai fait lecture d’un poème sur les prisonniers politiques de Lambèse. La situation du combat le réclamait, il fallait mobiliser et briser le mur de la peur.
Mais après les avancées réalisées sur le plan politique et institutionnel, il fallait réajuster l’objectif de la lutte. L’objectif s’est approfondi, car au lieu du pourquoi de la revitalisation de tamazight, nous sommes passé au comment et aux moyens de le faire. Dans le recueil de nouvelles Ljerrat, j’ai avancé un certain nombre d’idées et de certitudes politiques, mais j’ai axé sur le travail de la langue, sur les possibilités de passage d’une langue orale à une langue écrite, sur la création d’un style souple qui me soit propre, fluide et qui porte une dynamique qui facilite la lecture et qui donne du plaisir à le faire. La lecture est avant tout un plaisir, un repos de l’esprit et de l’âme.
Lorsque j’écrivais Salas d Nuja, j’étais dans une disposition d’esprit libre de toute entrave, émancipée de toute contrainte. Le statut de tamazight ne se posait même pas en ces instants de création. Tamazight était pour moi la langue suprême, la langue de mon cœur, de mon esprit, de mon âme. Je ne pensais à rien d’autre que de faire des belles choses avec, à la manier de la sorte à ce qu’elle porte de la meilleure manière qui soit les sentiments et les idées de mes personnages. En ces moments précis, la création est la seule institution valable qui existe ; elle est la vérité sans laquelle toute autre situation n’est que leurre. Je crois que le producteur doit se libérer des contraintes et des négations qui entravent la langue, il doit dépasser la situation de déficit vers celle du cumul et de la capitalisation.
Ceci dit, les convictions politiques que je porte, que je défends, j’ai l’ambition de les avancer dans des essais politiques écrits en tamazight.
Comment travaille un écrivain kabyle ? Et dans quelles conditions ?
L’écrivain amazigh est un combattant, un homme de conviction et un rêveur presque fou. Certes, l’écrivain est un homme toujours seul, car c’est dans l’intimité de son être, dans la profondeur de sa sensibilité qu’il puise la beauté des œuvres qu’il met à la disposition des autres. L’écrivain amazigh, lui, vit doublement cette solitude. C’est une terrible solitude que d’écrire sans garantie de voir son travail publié un jour. Et lorsque cette situation est dépassée, il demeure toujours seul en raison de l’absence de repères d’évaluation, de la critique, de retour d’écoute.
Même en terme d’interaction, les producteurs littéraires amazighs ne se donnent pas encore des espaces de rencontre, de débat et d’échange. Chacun fonctionne dans un espace réduit, se battant seul contre l’absence d’une politique d’édition, de distribution et de promotion de l’œuvre amazighe.
D’un coté, des amis ont attiré mon attention sur des cassures dans le rythme d’écriture de mon roman, sur des moments de faiblesses qui apparaissent de temps à autre au cours de la lecture. Cela m’a conduit à penser ma condition d’écrivain dans un environnement social, professionnel qui ne me donne aucun repos, aucun temps de relâchement pour me consacrer entièrement à la chose littéraire.
Sans statut, l’écrivain amazigh vit au cœur de la bataille historique que mène son peuple. Il est au centre, il est le combat lui même, mais toujours ignoré par les siens, toujours placé à la marge, à l’exemple de cette modernité qui tarde à façonner les regards et les esprits.
Vous avez investi dans l’auto-édition, les éditeurs en Algérie sont-ils à ce point fermés à toute production littéraire en berbère ?
L’éditeur est avant tout un commerçant, un investisseur. Il doit ramasser son argent. Il n’est pas encore disposé à prendre des risques, à imposer un produit, à influencer les goûts et les préférences des gens. Ni ses moyens, ni sa culture, ni celle de l’ensemble de la société ne le permettent.
Les gens ne lisent pas assez, non seulement en tamazight, mais dans toutes les langues. L’école ne favorise pas la culture. Dans cette situation et au lieu de passer son temps à attendre des comités de lecture qui n’existent même pas, je me suis orienté vers l’auto-édition. En l’absence de l’édition, c’est l’auto édition qui est la piste la plus fréquentée par les producteurs. Mais il faut dire qu’elle est éprouvante, difficile, qu’elle expose son auteur à des situations aussi bizarres que malheureuses. En effet, l’auteur est obligé de faire lui-même la distribution de ses œuvres ; avec le manque de moyens et ses préoccupations professionnelles, il n’est pas évident d’aller bien loin.
Selon vous, où en est la littérature kabyle dans ses différentes étapes : production, distribution, réception et consécration ?
Durant les dernières foires du livre organisées à la bibliothèque nationale de L’hamma à Belcourt, j’étais personnellement peiné par l’absence du livre d’expression amazighe. A la rencontre nationale, aucun livre. A la rencontre internationale, il n’y avait que les éditions "Baghdadi" qui ont présenté quelques publications. Voilà en gros la situation de la production littéraire amazighe dans sa relation avec l’édition nationale.
Il y a aujourd’hui une production, elle est ce qu’elle est en termes de qualité, mais elle est là, touchant à des genres divers de la littérature, de la poésie, à la nouvelle, au roman, au conte, à la bande dessiné. Maintenant, il faut penser à organiser tout cela, car la publication en tamazight n’est pas organisée ; elle manque de structures de prise en charge, des espaces d’évaluation et de consécration.
Dernièrement, Lamine Zaoui, directeur de la bibliothèque nationale a annoncé un prix national du meilleur roman, mais ce prix ne concernait au départ que le roman en langue arabe et en langue française. Suite à l’intervention du HCA, le roman amazigh a été ajouté. Mais les livres présentés par cette institution n’étaient que les romans qu’elle a elle même édités ; les autres n’ont pas été pris en charge.
Cela pose le problème des écrivains d’expression amazighe dans leur relation avec les institutions culturelles. Doivent-ils rejoindre les structures existantes comme l’union des écrivains algériens, ou créer leur propre organisation ?
Nous devons nous organiser pour défendre non pas des intérêts individuels, mais notre production et sa place dans la vie culturelle de notre pays.
Tout est à faire, de l’édition à la distribution et à l’organisation de la lecture et de l’évaluation. Il est temps que tous s’engagent dans cette entreprise. La presse nationale doit aider à promouvoir la production littéraire en langue amazighe, elle ne doit pas porter son intérêt aux seules expressions de la rue. Tamazight n’est pas uniquement l’émeute et la grève, mais c’est surtout un réveil de l’intelligence et une valorisation de la raison.
En outre, à Bgayet par exemple, nous avons 52 communes. Si chaque commune achète 20 exemplaires de chaque livre édité pour les distribuer sur les écoles et les offrir comme cadeaux de fin d’année, nous aurons une diffusion intéressante. Et c’est valable pour les lycées et les collèges qui doivent réserver une part du budget de leurs bibliothèques au livre amazigh et autres rencontres et activités d’incitation à la lecture. Beaucoup de choses peuvent se faire.
Malheureusement, le manque de volonté et les faux combats semblent accaparer les esprits.
Vous paraissez un peu pessimiste dans vos jugements. N’y a t-il pas une note d’optimisme ?
Je ne suis pas pessimiste. Je suis réaliste. Je regarde les choses sans lunettes roses. Seulement, je dois vous dire que de belles choses sont faites et se font chaque jour.
Regardons l’avenir : à quand la prochaine œuvre ? Peut-on en avoir une idée ?
Je prépare un nouveau roman. Il aura toujours la même thématique amoureuse, mais cette fois-ci le personnage central sera une femme, une femme rêveuse dans un monde qui risque de la dérouter. En plus de ce roman, j’ai rassemblé ces derniers temps mes poèmes en un recueil que je vais publier dans un proche avenir.
Un dernier mot aux lecteurs de tamazgha.fr ?
Je souhaite une revalorisation prochaine de l’œuvre de notre aîné, génial et regretté Mohya. C’est une production repère dans l’écriture en tamazight. C’est une école à elle toute seule. Ses textes doivent avoir une place de choix dans les manuels scolaires de notre pays, mais aussi dans tous les pays où tamazight est enseignée, que ce soit en France, au Maroc ou ailleurs.
Sur un autre chapitre, nous devons nous mobiliser et préparer notre compagne pour influer sur la réunion du conseil des ministres qui va trancher la question des caractères d’écriture de tamazight. C’est là un combat essentiel, loin de l’agitation stérile et des manœuvres de diversion. Notre inattention nous coûtera très chère et les voies de recours seront plus pénibles que l’effort d’être au rendez-vous.
Pour finir je dirai qu"écrire, lire et faire lire en tamazight" c’est cela l’engagement aujourd’hui.
Tanemmirt.
Entretien réalisé par Saïd CHEMAKH.
– Lire le compte-rendu du roman de Brahim tazaghart :
Salas et Nuja ou l’amour possible...
[1] Collège
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1. > "Je prépare un nouveau roman... d’amour.", 13 juillet 2005, 00:47, par hind
je veux des information de lauteure brahime tazaghart