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Dictature de Haftar à Syrte
Amnesty International dénonce l’interdiction brutale de la liberté d’expression par les "Forces armées arabes libyennes" de Khalifa Haftar.
mardi 19 avril 2022, par
Depuis janvier 2020, date à laquelle les Forces armées arabes libyennes (FAAL) de Khalifa Haftar ont pris le contrôle de la ville de Syrte, Amnesty International a documenté pas moins de trois vagues d’arrestations musclées suite à des manifestations pacifiques.
Selon l’ONG de défense des droits de l’Homme, au moins neuf manifestants pacifiques et un journaliste sont détenus par l’Agence de sécurité intérieure (ISA), "un ensemble de puissants groupes armés opérant dans les zones sous le contrôle des Forces armées arabes libyennes". Ces détenus ont, selon Amnesty International, ont participé à une manifestation qui a eu lieu à Syrte le 19 mars 2022. Lors de cette manifestation, la trentaine de personnes présentes ont "appelé la communauté internationale et les autorités locales à indemniser les victimes des frappes aériennes de l’OTAN en 2011". Cela fait dire à Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International que "la détention arbitraire de ces manifestants pacifiques pour avoir demandé justice et réparation dans le cadre du conflit armé de 2011 montre à quel point les FAAL et les groupes armés affiliés sont intolérants à l’égard de tout activisme indépendant, même s’ils ne critiquent pas leur régime. Les FAAL doivent immédiatement garantir la libération de toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé leur droit de réunion et d’expression pacifiques".
Amnesty International dit avoir reçu nombreux témoignages qui relatent la brutalité et la violence des hommes de l’ISA lors de leurs interventions.
Le 26 mars 2022, des hommes de l’ISA ont arrêté Ali al-Refawi, un journaliste de la chaîne de télévision libyenne 218 qui a couvert la manifestation du 19 mars, et il a été emmené dans un lieu tenu secret.
Ce que dénonce Amnesty International aujourd’hui est insignifiant devant la terreur que font régner les hommes des Forces armées arabes libyennes de Khalifa Haftar sur tous les territoires qu’ils contrôlent notamment à l’Est de la Libye. Faudrait-il rappeler les charniers et tous les crimes de guerre desquels ils sont responsables à Tarhouna ou à Tripoli lors de l’offensive sur la capitale par les troupes et mercenaires de Haftar en 2019-2020.
Il n’est pas inutile également de signaler que la Communauté internationale, et à sa tête la France, a laissé faire ce criminel qu’elle a voulu porté au pouvoir par un coup d’État sanglant. Pourtant c’est la Russie de Poutine avec ses mercenaires de Wagner qui appuyait Haftar.
Et à ce propos, Diana Eltahawy déclare ce 19 avril que "la réalité à Syrte n’offre qu’un aperçu effrayant de la vie sous LAAF et les groupes armés affiliés, qui ont brutalement écrasé les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, et réduit au silence toutes les voix dissidentes. La communauté internationale doit prolonger la mission d’établissement des faits de l’ONU au-delà de juin 2022 afin qu’elle puisse continuer à enquêter sur ces abus".
Par ailleurs, nous nous réjouissons qu’Amnesty International parle de Forces armées arabes libyennes (FAAL) qui est le véritable nom des milices de Khalifa Haftar que plusieurs médias (notamment en France) et observateurs s’efforcent à appeler "Armée nationale libyenne" (ANL) ce qui ne correspond, bien entendu, pas à la réalité.
La Rédaction.