Accueil > Dossiers et documents > Tafsut n Imazighen > Documents divers > Déclaration des 24 détenus de la centrale de Berrouaghia
Déclaration des 24 détenus de la centrale de Berrouaghia
Publiée dans "Informations Ouvrières" n° 954 (21-22 juin 1980)
dimanche 23 mai 2004, par
Nous publions ci-dessous des extraits d’une déclaration des détenus de Beraouaghia, ouvriers et étudiants, arrêtés après la grève générale de Kabylie. Ils y annoncent le début d’une grève de la faim qu’il ont interrompue après un premier recul des autorités : une délégation d’étudiants a pu en effet rencontrer les détenus.
Après avoir rappelé ce que sont les conditions de leur détention : torture, négation des droits démocratiques les plus élémentaires, absence d’avocats, etc., les 24 détenus précisent :
[...]
– Considérant que notre action s’est inscrite d’une manière claire, qui ne prête à aucune confusion, dans une perspective anti-impérialiste, en entendant par là la dénonciation et la lutte contre toutes les forces de domination et de dépendance qui pourraient aliéner nos richesses nationales au profit de l’impérialisme et porter atteinte à notre indépendance nationale.
– Considérant que notre activité syndicale, aussi bien au niveau de l’Université qu’au niveau
des unités de production (pour ceux d’entre nous qui sont des travailleurs), pourra témoigner de notre intégrité et de notre engagement dans la lutte pour la démocratie, le socialisme et le combat anti-impérialiste.
– Considérant que le problème de la culture populaire est une question juste, et que seul le débat démocratique et serein peut aboutir aux solutions adéquates et faite reculer les menées des ennemis du peuple.
– Considérant que notre participation à l’ensemble des événements d’avril derniers s’inscrit strictement à ce niveau et que notre action n’a jamais visé le renversement du gouvernement ni un complot contre l’Etat, ou un quelconque séparatisme pouvant aliéner l’unité nationale, bien au contraire, elle est restée un combat d’idées.
Nous réfutons catégoriquement toutes les accusations visant à faire de nous des agents de l’impérialisme et des comploteur contre l’Etat.
Nous estimons qu’il s’agit là de mensonges grossiers, et que notre seul crime est d’exprimer publiquement des idées sur les problèmes fondamentaux qui se posent à notre pays et à notre peuple.
De ce fait, nous demandons notre Libération et le respect de l’ensemble de nos droits, et décidons de nous mettre en Grêve de la faim en signe de protestation contre notre emprisonnement, mais aussi pour attirer sur nous l’attention de tous ceux qui militent pour le socialisme, la démocratie, la préservation de l’indépendance nationale et la lutte anti-impérialiste.
Vive la démocratie !
Vive le socialisme !
Vive la lutte anti-impérialiste !
Les 24 détenus
Maison centrale de Berrouaghia,
Jeudi 5 juin 1980.