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Une répression insidieuse

Condamnation d’un caricaturiste

Ghilas Aïnouche condamné à dix ans de prison ferme

mardi 20 décembre 2022, par Masin

"Apologie d’actes terroristes, le délit d’atteinte au président de la république et le délit d’outrage à corps constitué". Ce sont les chefs d’accusation retenus par un tribunal algérien contre le caricaturiste kabyle Ghilas Aïnouche qui fait également objet d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par le régime militaire algérien.
Le dessinateur de presse, réfugié politique en France, a été condamné mercredi 30 novembre 2022 à dix ans de prison ferme par contumace. Il avait fui le pays sous la pression de la menace que faisaient peser sur lui les autorités algériennes très susceptibles à toutes les formes d’expression.



Alger tente de faire croire au reste du monde que Ghilas Aïnouche et nombre de militants kabyles sont de redoutables terroristes, perfides et sanguinaires. Mais, personne n’est dupe. Les véritables terroristes sont logés dans les beaux quartiers d’Alger, bénéficient de la rente pétrolière et de la protection des gradés de l’armée. C’est le gouvernement d’Alger qui exerce un terrorisme systémique sur la population civile.

Il faut dire que les caricatures de Ghilas n’épargnent personne. Ses dessins sont aiguisés et provocants. Le condamner à une lourde peine de prison pour un dessin ne peut être décidé que par un régime mafieux, aux abois.
Depuis quelques années, la répression visant la Kabylie s’est considérablement accentuée. Au lieu de répondre aux revendications légitimes de la population, Alger a choisi la judiciarisation de toute action politique. C’est ainsi que plusieurs centaines de militants, dont de nombreux Kabyles, sont arrêtés arbitrairement et jetés en prison. Certains attendent encore de passer devant un juge plusieurs mois après leur "enlèvement".

En 2001, les gendarmes ont tiré avec des armes de guerre sur des civils qui manifestaient pacifiquement, provoquant la mort d’au moins 130 personnes et des milliers de blessés. Cette action militaire menée en Kabylie avait été largement couverte par les médias internationaux. Pour réduire au silence la Kabylie, Alger a changé de stratégie. Le régime a choisi d’arrêter massivement les opposants et de les faire taire autrement. En les accusant de terrorisme, de séparatisme ou d’"atteinte au président de la République".

Sur ce point, le régime d’Alger n’a fait que reproduire la politique menée par la monarchie marocaine contre le mouvement rifain. La répression judiciaire, insidieuse et procédurale, a remplacé la répression directe des manifestants par les forces de la répression dans les rues des villes rifaines.
Malgré leurs apparentes divergences géopolitiques, les deux régimes sont faits de la même texture. Leur idéologie est la même : elle est anti-amazighe.

Aksil Azergui

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