Arif s’organise !

Le Réseau qui a vu le jour officiellement le 11 avril 2004 se veut un espace de concertation, de dialogue et de travail collectif entre les associations des régions de Hoceïma et de Nador au service du développement d’Arif.

Plusieurs démarches et étapes intermédiaires ont précédé la mise en place du Réseau qui met le doigt sur la responsabilité de l’Etat marocain dans tout ce que le pays d’Arif connaît comme isolement, marginalisation et pauvreté.

En effet, si la monarchie marocaine, à l’instar de tous les systèmes qui occupent Tamazgha, est connue pour ne se soucier que de ses intérêts, Arif est l’un des pays qu’elle a le plus marginalisé. C’est le soulèvement d’Arif qui lui a valu cette attitude de la monarchie. Comme pour lui faire payer son soulèvement et sa résistance, la monarchie a pratiqué la pire des politiques dans ce pays.

La haine du système à l’égard d’Arif ainsi que son attitude répressive est apparue au grand jour lors du séisme qui a frappé certaines régions de ce pays il y a quelques mois. Ce que ne manquent pas de soulever les associations du RRS.

Et c’est précisément ce drame qu’a vécu Arif suite à ce séisme qui a poussé la société civile à réfléchir à la prise en charge par elle-même de ses soucis quotidiens. Les intérêts du pays d’Arif sont la préoccupation du Réseau qui n’a pas manqué d’ores et déjà de signifier aux autorités marocaines que "toute réconciliation avec la région du Rif passe obligatoirement par l’adoption et la mise en application d’urgence d’une politique alternative pour un développement global et durable [...]" et de mettre l’accent sur les spécificités d’Arif dont les autorités marocaines devront tenir absolument compte.

Les associations rifaines organisées en réseau n’ont pas manqué également d’attirer l’attention de l’Etat marocain sur la nécessité d’une réelle concertation et de leur implication dans tout projet engageant leur région. La gestion doit être transparente et faite dans le respect des valeurs de la démocratie et de l’indépendance, ont ajouté les associations du Réseau dans leur déclaration générale rendue public le 11 avril 2004 à Hoceïma.

Enfin, les quarante associations fondatrices du Réseau et qui ont élu M. Lachkar Porte-parole s’engagent à travailler pour la valorisation des capacités locales de la région ainsi que de leur héritage culturel amazigh et méditerranéen. Elles s’engagent également à la mobilisation des potentialités humaines et naturelles de la région ainsi qu’à la promotion de projets collectifs alternatifs pour la reconstruction des tissus sociaux qui ont été détruits par les politiques néolibérales nationales et internationales.

Pour mener sa tâche à bien, le Réseau s’est doté d’une Charte de principes ainsi que d’une Charte organisationnelle. Ces deux Chartes conditionnent l’adhésion d’associations au réseau et ont pour mission de veiller à son bon fonctionnement.

Cette initiative des associations de Nador et de Hoceïma est encourageante et l’on ne peut que s’en réjouir. Elle contribuera certainement à faire avancer la situation d’Arif qui en a tant besoin. La tâche ne sera certainement pas facile puisque les autorités de la monarchie feront tout, si le contrôle de l’organisation leur échappe, pour faire échouer un tel projet qui contribue indéniablement à mener Imazighen sur le chemin de la reconquête de leur souveraineté.

Mais l’intelligence et la détermination des Imazighen qui auront compris la valeur et l’importance de leur liberté feront en sorte que le dernier mot leur reviendra. Pour cela, l’ensemble des Imazighen devront comprendre qu’il est temps de prendre soi-même son destin en main : nous ne pouvons pas éternellement continuer à croire que ceux qui ont programmé notre disparition et l’éradication de Tamazight pourront un jour se soucier de nos intérêts.

Ufrin