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Le Maroc et la Tunisie devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale

Communiqué de Tamazgha à l’occasion de la 62eme session du CERD qui se tient à Genève du 3 au 21 mars 2003.

dimanche 2 mars 2003, par webmaster

COMMUNIQUE

Le Maroc et la Tunisie devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) des Nations Unies

Le Maroc et la Tunisie, en vertu de l’article 9 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, à laquelle ces Etats ont adhéré, sont appelés à présenter devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, leurs rapports (16eme pour le Maroc et 17eme pour la Tunisie) détaillant les mesures prises pour l’application des exigences du traité en cause.

En cette circonstance, le Maroc présente un rapport dans lequel il met en évidence les quelques droits octroyés aux Berbères tel la mise en place de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM). Cette concession des autorités marocaines est insuffisante. Car, en se refusant de reconnaître la langue berbère au plus haut niveau de la hiérarchie des normes, le Maroc reste en porte-à-faux avec la majorité de sa population.

Le Maroc, en affirmant dans sa Loi Fondamentale que ses seuls et uniques fondements sont l’arabité et l’islamité, se résout à allonger l’idée monolithique de l’uniformité des cultures, des traditions et des cultes en sapant ipso facto libertés culturelle et spirituelle. Et, de ces exigences constitutionnelles consacrant l’arabité et l’islamité, naît précisément la discrimination d’Etat. Une discrimination légalisée, c’est-à-dire incontestable dans l’ordre interne, qui affirme de fait l’inexistence officielle du peuple berbère en l’assimilant, par quelque subtilité juridique, à l’arabe et au musulman. Bien évidemment, nous réprouvons cette attitude qui confine à un racisme public puisque " l’arabe est préféré au berbère".

L’Etat tunisien, quant à lui, brille dans sa façon d’ignorer le peuple berbère. Certes, peut-on concéder qu’en Tunisie les Berbérophones ne forment qu’une minorité alors qu’au Maroc ils constituent la stricte majorité. Seulement, si l’on considère légitime l’action pour la sauvegarde des minorités, ne doit-il pas incomber à l’Etat tunisien, en vertu d’un principe général du droit international public, une obligation de protection au bénéfice de la minorité berbérophone ? Nous appellerons donc de nos vœux l’Etat tunisien à soustraire la minorité berbérophone sous sa juridiction de la disparition presque inéluctable qui la tourmente.

A cette occasion, TAMAZGHA présente un rapport alternatif au rapport marocain intitulé "La question berbère au Maroc" et un autre rapport alternatif au rapport tunisien intitulé "Les Berbères en Tunisie". Par ces rapports nous avons tenu à relever les principales violations, par le Maroc et la Tunisie, de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Par ailleurs, TAMAZGHA note avec satisfaction que la FIDH présente au CERD un rapport alternatif sur la question amazighe au Maroc.

Une délégation de TAMAZGHA sera présente à Genève au début de la soixante deuxième session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, qui se tient au Palais des Nations à Genève du 3 au 21 mars 2003, pour faire connaître son point de vue sur la réalité du déni qui est fait aux Berbères au Maroc et en Tunisie.

Tamazgha

Paris, le 2 mars 2003.

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