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L’ouverture du corral
vendredi 14 septembre 2007, par
"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis je m’en charge". Nicolas Sarkozy semble avoir fait sien cet aphorisme de Voltaire au lendemain de sa victoire aux présidentielle. Sous le nom ronflant d’ « ouverture », il n’a cessé de débaucher les cadres de la gauche : Eric Besson, Jean-Pierre Jouyet, Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Fadela Amara, promus au gouvernement en lieu et place des apparatchiks de l’UMP, Guy Carcassonne et Olivier Schrameck nommés au Comité de réflexion sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions dont la vice-présidence est confiée à jack Lang, Jacques Attali chargé de présider une commission sur les "freins à la croissance", Hubert Védrine d’un rapport sur la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn promis à la présidence du FMI. Le Candide du dit Voltaire considèrerait l’esprit de rassemblement de ce dirigeant politique et l’intérêt supérieur du pays à mobiliser les meilleures compétences. Gageons pourtant que les intentions de notre Pangloss joggeur sont moins naïves. Maître de la droite, il cherche, pour pérenniser son pouvoir et annihiler le pouvoir de contestation de l’opposition, à achever le travail de démantèlement du parti socialiste, qui lui facilite la tâche. Le Prince sait que son état de grâce ne durera pas et que l’automne des réformes verra refleurir les graines du mécontentement. En dispersant le terreau de la gauche, il met cette terre de culture en jachère. Il sera toujours temps de récompenser la droite, voire l’extrême-droite de son obéissance. Enfermons d’abord les pur-sang, les percherons rentreront bien tout seul à l’odeur de l’écurie.
Bernard MARTIAL