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Littérature berbère, Poésie berbère, Tamedyazt

Introduction à la poésie amazighe : Analyse thématique de Tamedyazt

samedi 17 avril 2004, par Sofia

Par Moha Moukhlis







PREMINAIRES :

Pour le Petit Robert, la littérature est "l’ensemble des œuvres écrites dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques, la connaissance, les activités qui s’y rapportent. Usage esthétique du langage même non écrit (littérature orale)". Cette définition est idéologique dans le mesure ou elle marginalise la littérature orale et donc les sociétés dont la culture et la tradition sont orales (contes, poésie...).Relativement à la poésie, ce dictionnaire affirme que c’est un "art de la fiction littéraire", du grec "poiêsis" qui veut dire création ; c’est également, comme tout genre littéraire, un "art du langage", visant à exprimer, à suggérer quelque chose.
De notre part, nous affirmons que la littérature est un art du langage écrit ou oral se subdivisant en genres. Nous soulignons que la poésie est un art, un genre littéraire qui exprime une vision du monde, une conception de la vie et de l’existence (temps, espace, histoire, identité...) Elle évolue, se transforme et s’adapte.

LITTERATURE ET COMMUNICATION :

R. JAKOBSON a élaboré le schéma déjà connu dont lequel il souligne que toute communication suppose : un émetteur, un récepteur, un code, un canal, un message et un référent ; chaque message dans chaque communication admet un ou plusieurs fonctions : ces dernières sont au nombre de six et proportionnelles aux six éléments du schéma. Nous nous intéresserons à la fonction conative (Le message est centré sur le récepteur auditeur).

L’intérêt du schéma de Jokobson est d’avoir mis l’accent sur l’aspect communicatif de tout message, et la littérature n’échappe pas à cette vérité . Elle suppose un lecteur auditeur immédiat, éventuel ou potentiel, sinon elle n’aura pas de sens car le but de l’artiste est de communiquer sous diverses formes pour des buts variés. L’acte d’écrire implique un destinataire réel ; imaginaire ou fictif. L’artiste par ailleurs appartient à une société qui existait avant lui et continuera à exister après lui, il n’émerge pas de néant ; il est dans une large part le fruit de son époque, de sa culture sur lesquelles il prend une position, juge, critique, critique, évalue, adhère...

LA POESIE AMAZIGHE

Comme toute poésie, celle des Imazighen exprime une vision de l’existence et de la vie, c’est un souffle de vie omniprésent dans toutes les activités de l’homme amazigh : naissance, mariage, cueillette, tissage, moisson, fêtes, rites..., elle se subdivise en sous-genres : timnadin, izlan, tiâjibin, timawayin, imâibarn, timdyazin.... Nous nous intéresserons uniquement à ce dernier "genre" pour en faire une analyse thématique.

TAMDYAZT

En tant que genre (ou sous-genre) littéraire tamedyazt existe et continue à exister, elle ne véhicule pas un message "dépassé" comme on tend à le croire, sa thématique est loin d’être unidimensionnelle ou redondante, sa valeur sociologique/sociale est incontestable. Conformément à l’analyse de Jakobson elle a un auditeur (lecteur) puisque elle continue à exister à durer d’autant plus que ses thèmes sont adaptés à son public, autrement elle disparaîtrait ; elle s’adapte à son temps ; épouse les événements et d’ailleurs des imedyazen existent toujours.
Tamdyazt est un sous-genre "sérieux" qui a ses caractéristiques propres, elle est "chantée" pour exprimer une sagesse et non pour amuser, défouler comme c’est le cas des Izlan. Il suffit d’analyser le cérémonial qu’elle suppose pour s’en rendre compte ; cette poésie véhicule un message qui veut dire la "vérité", l’idéal, ce qu’il faut faire, ce qui existe, ce qui se vit ; elle nécessite (de l’auditeur) une attention particulière dans une atmosphère presque "sacrée" : se taire et écouter pour approuver, tirer des conclusions, les leçons de morales adéquates. De plus tamedyazt impliques une dimension philosophique : expliquer l’origine du monde et de la vie, le passé, le présent, l’avenir et le devenir, elle situe not re existence par rapport à la création du monde, prône la sagesse, on dit qu’elle véhicule : iwaliwn, ineghmisen, lemâni, tiwid ghef louqt... Elle peut être chantée à l’aide d’un instrument de musique, en groupe et dans ce cas, ce dernier reprend le refrain. Elle est orale et porte les marques de son oralité.

LES THEMES DE TAMEDYZT

Tamedyazt a une structure cyclique, mais les thèmes qu’elle traite ne sont statistiquement ni sémantiquement stables. Ils sont tributaires de l’auditeur, des événements, des intentions du poète....Ce dernier peut "chanter" pour critiquer, conseiller, se plaindre, se résigner...On peut trouver une tamdyazt consacrée à un seul thème événement (crime, vole déjoué, sécheresse...). Dans ce cas elle fonctionne comme un "journal", tient lieu de presse, épouse les événements dans les limites bien sur que permet la censure. L’amedyaz joue le rôle du troubadour : il colporte et diffuse l’information dans des zones isolées, enclavées.

Les techniques ou procédés rhétoriques que tamdyazt utilise sont en général les images poétiques , la description ou le récit. Quant le poème fait recours à la personnification, c’est pour en faire la toile de fond pour l’allégorie, cette figure de style lui permet d’exprimer et traduire le manichéisme du monde et de l’existence. Ce procédé lui offre le moyen de bien retenir l’attention de l’auditeur, en lui racontant une histoire et faire passer un message très symbolique accentué et confirmé par la fin de l’histoire qui implique une morale condensée en un ou deux vers.

L’emploi des figures de style (allégorie, métaphore, périphrase ; antithèse, métonymie...) fait que tamedyazt est une poésie élaborée, travaillée, un art de langage. D’ailleurs l’amedyaz dit et affirme que sont langage, ses vers, sont "sculptés" comme le bois du menuisier poli, agencé de façon à ce que le message soit très imagé très "profond", suggestif. Le poète est conscient de son rôle et son devoir lui impose que ce qu’il dit sert ou renvoie à un "modèle", car il est le veilleur et le gardien, une mémoire, une référence reconnue. Il conçoit le monde comme un vaste champ qu’il doit cultiver, un monde ou les hommes sont la terre, la poésie, la semence et le poète, le cultivateur.

Un mot sur la caractéristique orale et la fonction conative de tamedyazt avant de passer à l’analyse des thèmes. Puisque elle est orale, tamedyazt implique un auditeur et par son contenu didactique elle a une fonction conative, ces deux propriétés nous semblent très liées dans la mesure ou elles se complètent ; en effet la présence de l’auteur participe et fait partie du "rituel" que suppose tamedyazt et cette dernière porte les indices de cette présence : le poète sollicite l’attention de ceux qui l’écoutent les invite à s’impliquer, partager , approuver, bref à réagir.

Par ailleurs, tamdyazt sur le plan formel a une structure cyclique, comme un serpent qui se mord la queue. Peut-être y verra-t-on une analogie, une similitude avec la structure cyclique des autres manifestations socioculturelles (les contes qui s’ouvrent par des formules et se ferment par d’autres) les fêtes, les rituels...Tamedyazt épouserait le mouvement du temps qui est cyclique au niveau des jours, des saisons, des années ; tout a un début et une fin comme notre existence sur terre. De plus les formules par les quelles le poète commence son poème sont à nos yeux une sorte d’avertissement pour l’auditeur : "que le silence se fasse, prêtez-moi votre attention, le voyage commence, nous entrons dans un autre monde, un autre univers, différent du monde quotidien banal et anecdotique, nous embarquons vers une autre réalité qui transcende le vécu, particulière et vert igineuse, sérieuse et vraie dans son idéalisme, tragique et beauté : le monde de la littérature."

AMEDYAZ

Appelé "amedyaz", "chikh" ou "aneccad", il jouit d’un statut social particulier et privilégié, c’est lui qui "inaugure" les manifestations culturelles les plus symbolique (mariage) ; il est respecté par le groupe pour son savoir, sa verve, sa maîtrise du verbe et du langage, sa vision philosophique de la vie ; il est le "guide", le sage, le moralisateur reconnu par tous ; c’est une référence incontestable au niveau des valeurs ; ses paroles transcendent les discours de tous les jours, c’est l’éclairé, le "prophète" (au même titre que Hugo, Vigny, Jabran...), il est conscient de son rôle social qu’il assume en sonnant l’alarme quant la menace des valeurs est proche, le danger imminent. Sa vie se confond toujours avec sa poésie et ses vers, il en vit et défend l’honneur du groupe.

L’ANALYSE THEMATIQUE

Nous donnons un bref aperçu de ce courant d’analyse que nous avons appliqué sur tamdyazt. La critique thématique s’appuies sur la notion de "thème", difficile à délimiter de façon précise ; c’est une donnée, une image qui parcoure l’œuvre il s’agit de dégager la structure de l’imagination du poète, son fonctionnement dans l’œuvre (comment l’imagination de l’artiste s’organise et organise l’œuvre).

Le fondateur de cette critique est Gaston Bechelard (1884-1962 ; pour lui et pour ses disciples, l’écriture est un acte existentiel ou l’auteur s’investie : vivre/ dire (écrire).
La méthode de travail consiste à faire des inventaires permettant de sélectionner ensuite l’image "décisive", essentielle et ses répercussions dans l’œuvre. Elle aura donc le défaut de tomber dans l’arbitraire du choix de l’image fondamentale (sur quels critères s’appuyer ?) ou la subjectivité du critique intervient, elle réduit l’imagination à une seule image et néglige l’histoire.
Parmi les thématiciens nous citons J.P Richard avec ses travaux sur M. Proust et CH. Baudelaire, G.Poulet sur Proust, Starobinsky sur Racine et Rousseau, J.P. Weber et Rousset qui tente de dépassé les critiques adressées à ce courant d’analyse.

Nous avons adopté cette analyse pour dégager les thèmes de tamdyazt, mais nous avons centré notre travail sur les thèmes sociologiques, car les poèmes que nous avons réussi à rassembler sont de différents poètes et ne permettent pas une étude exhaustive de chacun d’eux.

Il s’agit de :

 Amer ou Mahfoud de Goulmima

 Zaïd Oubbejna d’Igoudman (Aghbalou n Kerdous, Goulmima)

 Hmad ou Hachem de Mellab (Goulmima)

 Chyukh Hmad et Lahcen d’Azilala

 Chikh Lisyour d’Imilchil-Aït Hani (Goulmima)

 Moha ou Lhaj d’Aghbala

Pour des raisons pratiques, nous avons préféré ne pas intégrer les vers illustrant nos propos et commentaires ; ces vers sont groupés par thèmes et figureront à la fin de l’exposé.
Comme nous l’avons déjà souligné, les thèmes de tamdyazt sont très variés et vont du simple "fait divers" à l’événement politique international. La classification que nous avons adoptée n’épuise pas l’éventail, trois axes fondamentaux nous paraissent opérationnels :

- La dégradation des valeurs

 La corruption du système administratif et juridique

 la politique

1- La dégradation des valeurs :

La conception philosophique de l’existence chez l’amedyaz est dichtomique, manichéenne ou le Bien et le Mal constituent les pôles de l’équation. Ce schéma dualiste parcoure le poème du début jusqu’à la fin et est exprimé par une série d’images antithétiques : corps/âme, idée/matière, concret/abstrait, vie/mort... l’existence pour l’amedyaz, au même titre que la nature, a un début et une fin (le métier à tisser), un voyage qui doit cesser inéluctablement un jour. Cette stabilité dans la vision implique des valeurs d’un rythme de vie serein et s’oppose à tout changement de dehors du cadre "tragique" voulu par la divinité. Il en découle que la réaction de l’amedyaz, une fois les valeurs ébranlées, sera violente, démesurée, inconfortable... en l’occurrence si le changement brusque, rapide, inattendu.

En effet, l’agonie des valeurs pousse le poète à réagir constat des bouleversement qui secouent qui secouent la société et la désarticulent, Il nous parle d’un monde qui s’effrite, d’un système en voie de "pulvérisation", en proie à un mal qui le ronge de l’intérieur (voir les romans des auteurs maghrébins de la première génération et la littérature négro-africainne de la même époque). Les mutations sont exprimées de façon imagée et empruntées souvent au monde animal dans son organisation hiérarchique, ce monde est montré en train de basculer vers un nouvel ordre ou le "valet" devient maître, le faible domine le fort...Les valeurs ancestrales sont invoquées car elles réfèrent un passé de gloire et de grandeur opposable à un présent dégradée et en mutation continue.

2 - La corruption du système administratif et juridique

La corruption du système administratif et judiciaire fait également l’objet de la satire chez l’amedyaz. Ce système est peint de manière corrosive. Il est perçu comme une machine bureaucratique, inhumaine qui a pour seule raison d’être de "sucer" le sang la population qui lui sont soumise. Le citoyen y est asservi, humilié. Il se trouve embourbé dans un labyrinthe dont il sort épuisé, éreinté, dégoûté, révolté. C’est dire que ce système cumule tous les vices possibles et imaginables : la corruption y est devenue presque une "obligation" et un devoir, le népotisme, la falsification, le régionalisme voir le racisme. Ces institution brime le citoyen , le broie...

L’amedyaz traduit cette réalité par des images ou les choses et les êtres se métamorphosent, changent de nature, les valeurs de justice y sont foulées au pied. Sa froideur et sa nature bureaucratique y transforment la quête d’une information ou d’un papier en une "odyssée cauchemardesque" qui nous rappelle l’univers surréaliste du Château ou du Procès de Franz Kafka. Les citoyens le perçoivent comme un monstre qui incarne la peur et la terreur.

En effet, les procédures administratives empruntent des chemins inextricables ou les responsabilités se confondent et se contredisent.

Concernant les élections, l’amedyaz estime qu’il s’agit d’une énorme mascarade politique qui bafoue la volonté populaire et produit des institutions falsifiées et illégitimes destinées à entériner la politique d’exclusion et de marginalisation des couches démunies.

3 - la politique

La politique est un des thèmes essentiels traités par l’amdyaz dans ses poèmes. Sa réflexion porte aussi bien sue les événements d’ordre national ou international. Il s’agit de se positionner sur les décisions prises par les responsables quat à leur manière de gérer la chose publique, leur relations avec les autres pays et nations, la position du Maroc vis-à-vis d’événements politiques internationaux : le Moyen Orient, les pays arabes, l’Afrique du nord, l’Occident...

L’amdyaz marque la spécificité nationale en s’appuyant sur des référents identitaires qui distinguent le Maroc d’autres nations et souligne la place particulière des valeurs religieuses qui constituent un ciment pour l’unité de tous les musulmans du monde. Le regard du poète porte à la fois sur des faits événementiels, transitoires et mis en relief par les médias et les divers moyens d’informations et sur des faits ayant trait à des "convictions" constantes, partagées et permanents.

Corpus
Nous donnons ci-dessous les séries de vers illustrant notre analyse.

Classement
I - génère du monde et de vie :
- ibnat uhnin isnemt Ijid iedilas

 igad iybwula nw-aman an agem aman

 ibna lajbal iedel luda i-ddunit

 awi kwu lxir ineyyat ljid i lbacar

 ibnat uhnin Isnem ljid awad akal

 daykka rzed I leebd bla tudmawin

 ibdu ayed ilan kwuk d ma as d-ika

II - vers ouvrant et fermant tamdyazt :
- nezzurek a udem n rbbi ayd ieezzan

 akizzurey a âilm a unna yur tigeldit

 akizzurey a sidi a rbbi jud yifi

 akizzurey a isem n rbbi ayd ieezzan

 a bur’helmt ljid a rbbi giy zarrek laqqin

 key ay mi nqqar a rbbi leerc leadim

 wa nuji l’herma nek a rbbi winek ay nga

III - role du poète et sa vision de la poésie :
- wa mimek ittg a anccad at-siresd awal

 han unna itturn lektub adjin t-tarix

 da turhamen ead as n-nag immut lealim

 wachal n-seggwas ay dyad akkay lmital

 n mayd ittejrun rmiy ad amzen lusiyyat

 iwaberm a ilsinu diy am uxeddam

 dinna mi tgerd ibsan t-ssittimed anezzuy

 lwahid n imasen ay nga ieedda

 riy ad as diy tiyemrin am unejjar

 iwawal ma kulci nennat urta ihri

 ad as eawedy i tayed yugern tittex kullu

 tenna as d-ihddan am ugadir kemmly awal

IV - vers illustrant la fonction conative
- war rar ad yuri lbal a winna fhemnin

 ad awn rsemy awal ur igi uya iw-ufur

 lfal irwan at-seggry I wawal inw a mayd ay iudr

 bedratay mulay muhemd a ayt uyejdim

 iwa eawd a ilsinu mani m’kas tgid

 i wawal han udmawen ruraner imezyan

 max is isgers mulana haca seg lxir ?

V - renverssment des valeurs
- cuf aberrem as iga mulana I ddunit

 raea izem i gwud yayul iga ahnatur

 raea iysan gran asen tibardiwin

 teddid a nsemt g-umum eniy ijra ka

 tga tixsi iswan arekkiz igzas ul

 da tumumen iqwarray ur tgi i-ydiwan

 hat isdae ufullus lbaz illa g-tyuni

 wa yadj ukessab leenzi da ttadern ulli

 da ikerrez ka badad gint as azalim

 da ikerrez farina gint as qqillu

 awa ibeddel w akal amud ur sar ti ttuy

 ideayd llimun n lmghrib ig tiferzizin

VI - éclatement des relations humaines :
- lehsad hat taymat dyi ag di beddun

 da tiniy han asmun nka as tighwurdin

 mer ufin tuzzalt iyers ak ueejliy

 ixxa leebd urek itenfae ujmil g-adu

 unna tgerd ijyal igak in key gw-aqqa

 han ajmil azmul dyi ayd itteg I ka

 annayey lkerh imun d-tuxxut kwu yan ibubbat

 bdan w-aytmaten kwu yan ifreh mayt igan

VII - relanchement des valeurs religieuses :
- remdan ijhel mayd uret yazuman ieedda

 aywu len imezzilan ggudin mi ixxa rray

 wa da ikkejjem ka timezyida imun d lillas

 iccur tamessi d uyenna d inna mulana

 mkid c’rab idda yer data m inegyan

 iswat unna yur ka iswat umezlud

 idda ddin n seyyedna muhemd iffeyd idmaren I madden irul

VII - rejet de la société en proie à des métamorphoses
- isid ayd iddan g lgehl ira uya lebla

 isexr isid yiwi bu lehram ddunit

 iddad uzwu n leyyar ikejm i medden imi

 a mulay muhamed a exmmuj nem a dduni

 yayul ufran smarn asent I tungimin

 wa kwu yuk da ittini eenda wighanu

 ur igi mind n tassaeetta nna ged usiy

 xs unna itteqqen imi waxxat ibri w-ul

 ig tadut g imezyan ad ur ittakez awal

 meqqar illa innat iwetn ihder iddu

 meg ur iefi rbbi qenn ad utey agejdur

 han unna ur I isrin yini ka ur i-ijri

 maka ha leeqqel da ittumum s unezmum

 d tixat d uyenna ujr dmiy ayd ittejrun

 ur tujit ur nejjiy lmut urta nemmut

 nettuheqqer imezlad a arraw tuf lmut

IX - un présent lamentable et nostalgie pour un passé glorieux :
- raca laswaq gen am lhenna mas itca w afa ddunit

 tenna nezri n tmara ha tayed tuger abazin dati

 dilliy aryaz ixxan uretn iri lbacar

 walliy ittu offan idedda yuji awal

 tirruyza n zman ur tsul ijra ka g tmizar

 ddan lahrar lily issersun amdikar

 rzan madden lhaq am useklu yayed akal

X - corruption du système juridique et adminstrtif :
- tetca chat zzur a iguhilen ayenna nnun

 mkid ayt lhukem am lbie ayd zzenzan

 unna asen ikan ka urun as mayd ran substition

 meqqar as di yiwy awd tar ivef ieedlas

 unna yur walu lmal nna yak eekkezn as

 eenda n unna mi I ayed ka ayt ixedlan

 ur yad dateekkazen id lbiru chat zzur

 irumin da akken lheq I k g-minut

 uma iselmen win usegg was ayd illan

 qqiman iwriqquen kwu as dun ased i ka

 tehduden tiwadiwin adu ured yuliy

 maka ur datteckaren imee af n-lbiru

 awa ur izedding lmeghrib ? la mulana

XI - falsification des élections :
- Iwa eawed at ayed a iminu diy i lhemla nna ijran

 tekka lintixab zuned am mital n-issaffern ayd tga

 kwu taqqat hat tusi ameemae druy ayd bbinet iberdan

 alling ihder w-as g-ittuga lehsab ayd rgagen iywunba

 was bdun imkuraren n-ssuker ar tturruhen alin g-iberdan

XII - La politique : la palestine
- Ig filistine g-ulinw rray n-uferran

 inwa diges uzizaw inwa diges uqqurar

 wa iga azru d ljir inwa yusen ayt ma

 iyersawn a ccebban iyersawn iwessaren

 han filistin iduras mucis-lequwwa

 iga awn usehyunity lefdihet a ssukkan

 iyli w-uccen amazir itcas iyef i-turut

 iwwet ljamee usehyuniy s-lmurti imhat

 ibna diges id lbar isker dikes ihelfan

 igra awen ihezzan a lmqam n-ccerfa

 raid américain sur la Lybie

VIII- Raid américain sur la Lybie
- mek tannid marikan dw-udayn uxenzu

 winadey a imateny yiwet taddaet ayd gan

 idda s libya ad iwet caddaret n lqeddaf

 inya diges ccebban inya diges ssebyan

 ira ad iby izuran n lislam war ddin

Le monde arabe
- marikan d-rrus gan learab d-imaedar

 ka da yak leflus ka tella yures leedda

 am unna igren izran g tattaset i-ssebyan

 dak jemmueen ared nin ur illi xs anafa

 ifyed yiwen iyedr imiq yawin wis krad

 ar terruyen ared walu xs awal n-ihellalen

 gen w-a eraben tabut nna dif san issikkan

 han ustu idda s-allen ead imcaden daras

 yas at- tkemmel ead artti ggaren ayt w-lawn

 teddud s-asetta n-feggag ad diges tudu

 ufaten legnus issen ad ttln adu

L’Irak
- Tga lkwit dyi am lmital n teslit

 Ywmanased idudan ittef kwu yiwn allun

 mymazen ihidas a rbbi selkatay

 da ssuturey i sidiya rbbi nna iheyyun

 ak ieawn a seddam axatar n-leiraq

 tgid asen I w-udayn titi nna iheqqan

La miséricorde divine :
- wa kwu yiwn issuter I rbbi ad ihaser isaffen n tegniw

 ar awni nessutur a wadda ur ixessa ka

 sikkay ger tegniw a nili g-ayt lherma nnun

 awa sbayend asid nek ad ackinet tillas

 key a ljid ay tella ifassen