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Enseignement du berbère en France
L’épreuve de berbère au Bac : ce qu’en pense Salem Chaker...
jeudi 17 mars 2005, par
Suite aux tumultueux évènements qui sont venus "déranger" le déroulement normal de l’épreuve facultative de langue berbère au baccalauréat français (épreuve écrite), nous nous sommes adressés à de nombreuses personnalités qui nous ont livré leurs opinions. Suite à des propos tendancieux visant à porter atteinte à Salem Chaker, à son équipe de recherche et à l’Inalco ; propos tenus dans certains journaux et sites Internet à la solde de lobbying financiers et/ou sous les ordres d’agents du pouvoir algérien (généralement retirés des services actifs), Salem Chaker a tenu à apporter certaines précisions, documents à l’appui. (Voir mise au point ci-dessous). Les gogos qui se sont faits berner par des personnes sans crédit aucun, peuvent, à présent, évaluer l’étendue du désastre dans lequel ils se sont fourvoyés. Quant aux autres qui ont agi sciemment et en "bonne conscience", il faudrait qu’ils sachent qu’ils ne sont que des fusibles...
Pour notre part, notre démarche est claire, nette et précise : nous n’avons rien à gagner ni en finances ni en lobbying politique, ni en strapontins quelconques... et nous n’avons rien à perdre.
La Rédaction.
MISE AU POINT (PROVISOIRE)
par Salem CHAKER,
Professeur de berbère à l’INALCO
[ « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! », telle est la stratégie d’un certain nombre d’aventuriers qui se répandent depuis plusieurs semaines en mensonges et affabulations sur le « Net ». Un simple rappel des données factuelles suffira à éclairer les personnes de bonne foi ; quant aux autres, elles ne font que poursuivre le travail de sape et de destruction pour lequel elles sont programmées.]
1. L’EXISTANT
Depuis 1995, une épreuve facultative écrite de langue berbère peut être présentée au Baccalauréat (séries générales et technologiques). Cette épreuve s’intègre dans un ensemble de 27 langues, ne faisant pas l’objet d’un enseignement dans les lycées, mais qui peuvent être présentées par les candidats, en matière supplémentaire. Organisée au plan national par l’Education nationale, elle fait l’objet d’une convention entre la Direction des Enseignements Scolaires (DESCO) et l’INALCO qui, chaque année prépare les sujets et assure la correction des copies. Depuis 1995, le nombre de candidats en berbère est progressivement passé de 1350 à 2250 (session 2004 du Bac) pour toute la France.
Trois sujets sont proposés à chaque session, correspondant aux variétés régionales du berbère les plus représentées en France : kabyle (Algérie), chleuh (Sud du Maroc), rifain (Nord du Maroc). Les premières années, la demande était majoritairement kabyle (70 %) ; à partir de 1998, les proportions respectives se sont progressivement modifiées au bénéfice des dialectes marocains dont l’ensemble représente désormais environ 65 % des copies (en 2004 : chleuh = 40 %, rifain = 25 %, kabyle = 35 %).
En dehors de quelques rares initiatives locales, aléatoires et hors temps scolaire, dépendant de la bonne volonté du chef d’établissement, il n’existait aucune préparation à cette épreuve au sein des lycées français ; la seule possibilité de soutien pédagogique pour les candidats était de suivre des cours organisés par les associations culturelles berbères de France. Le Centre de Recherche Berbère de l’INALCO, pour sa part, a diffusé avec l’aide d’une de ces associations (Tamazgha), une petite brochure d’information sur l’épreuve et a mis en accès libre sur le site Internet de l’INALCO un ensemble d’informations et d’épreuves corrigées ; des « Annales du Bac » sont en cours de finalisation et devraient paraître en 2005.
2. LES ANNONCES DE JEAN-FRANÇOIS COPE, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT (janvier 2004)
Le 11 janvier 2004, Jean-François Copé, Porte-parole du Gouvernement, annonçait la mise en place, dès la rentrée 2004, d’une expérience d’enseignement pour la préparation des épreuves de berbère au Bac dans un lycée du centre de Paris (Lavoisier). Cet engagement a été réitéré en janvier et février 2004 (voir les dépêches des agences de presse ou le journal Libération du vendredi 23 janvier 2004).
Le lundi 12 janvier 2004 (le lendemain de la première déclaration de J.-F. Copé), S. Chaker était contacté par téléphone par M. Neyreneuf, Inspecteur Principal Régional d’arabe à l’Académie de Paris, pour lui demander, au nom du ministère, d’examiner avec le proviseur du lycée Lavoisier les conditions concrètes de cette expérience.
Après les contacts et échanges nécessaires, des propositions précises sont adressées quelques jours plus tard par S. Chaker au Ministère de l’Education nationale (M. Rolland Jouve, Conseiller technique au Cabinet de M. Fillon) et à l’Académie de Paris (M. Neyreneuf) et confirmées aux diverses instances concernées par la présidence de l’INALCO (courrier de M. Gilles Delouche, en date du 22/01/2004. Cf. annexe 1).
Malgré plusieurs échanges de courriels entre MM. Jouve/Neyreneuf et M. Chaker et un courrier de M. J.-F. Copé au Président de l’INALCO, ces propositions sont restées sans réponse officielle de la part du MEN.
Devant le silence persistant du Ministère, S. Chaker a alors relancé, à plusieurs reprises, le Cabinet du Ministre (R. Jouve ; courriels en avril et septembre 2004), toujours sans aucun écho. Il saisit parallèlement J.-F. Copé, Porte-parole du Gouvernement (qui à chaque fois lui a répondu).
3. RENTREE 2004 : S. CHAKER SAISIT LES INSTANCES POLITIQUES
A la rentrée 2004, l’absence de réaction du Ministère amène S. Chaker a se tourner vers l’instance politique et, face à une situation de blocage apparent, il saisit, pour leur faire part de ses inquiétudes et solliciter leur intervention :
– M. Jean-François Copé, Porte-parole du Gouvernement,
– M. Roch-Olivier Maistre, Conseiller pour l’Education et la Culture de Monsieur le Président de la République (Cf. annexe 2a),
– MM. Senghor et Robert, Conseillers pour la Culture et l’Education de Monsieur le Premier Ministre.
M. Roch-Olivier Maistre répond à S. Chaker par une lettre datée du 9/11/2004 , dans laquelle il l’informe de la nomination de M. Sadi en tant que « Chargé de mission pour le berbère » auprès de la Desco (Cf. annexe 2b).
Suite à ce courrier, après réflexion, échanges avec le Président de l’INALCO et discussion avec les enseignants concernés de la Section de berbère, S. Chaker informe le Président de l’INALCO qu’il a décidé de se désengager totalement du dossier des épreuves de berbère au Bac et que la Section de berbère ne fournira plus les sujets et n’assurera plus les corrections des épreuves (courrier du 10/01/2005. Cf. annexe 3).
4. JANVIER/MARS 2005
- La presse rend publique l’affaire
Une première dépêche de presse AEF (Agence Education Formation) du 18 janvier 2005, évoque précisément cette affaire et la décision de l’INALCO de se désengager du dossier des épreuves de berbère au Bac. Le Président de l’INALCO y confirme son soutien total à la décision de la Section de berbère.
Le journal Le Monde du mardi 15 février 2005 publie en première page un article de C. Simon, titré : « L’enseignement du berbère en France est aussi une affaire politique ».
- Le MEN révise sa position (fin février/début mars 2005)
Le MEN revient sur sa décision et, selon les informations convergentes qui circulent sur le « Net », aurait mis fin à la mission de M. H. Sadi auprès de la DESCO.
5. ELEMENTS DE COMPREHENSION DE LA CRISE : une tentative de mainmise politique sur le berbère en France.
- Il ne s’agit pas d’un conflit de personnes
Contrairement à ce que certains, mal informés ou mal intentionnés, ont tenté de faire croire, il ne s’agit en aucune façon d’un conflit ou d’une concurrence entre des personnes (en l’occurrence H. Sadi et S. Chaker). Je connais bien la famille Sadi, particulièrement Saïd et Hend (El Hocine à l’état-civil) et l’ai fréquentée, dans le cadre du mouvement culturel berbère, à partir des années 1970, mais surtout après le "Printemps berbère" de 1980. Mais je n’ai plus aucun contact, de quelque nature que ce soit, avec eux depuis octobre 1988, date à laquelle les frères Sadi ont décidé de s’engager dans l’action politique en créant le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie).
A l’époque, j’ai publiquement émis, notamment dans la presse algérienne [1], de très sérieuses réserves sur la création de ce parti politique, dont les objectifs et la stratégie me paraissaient confus et tourner le dos à toute la réflexion et à la démarche du mouvement culturel berbère, et notamment à la nécessité de l’autonomie de la lutte berbère par rapport aux enjeux politiques nationaux.
Mon analyse et ma position vis-à-vis du RCD sont parfaitement explicites, constantes et accessibles à tous dans de nombreux articles publiés dans le courant des années 1990. On en trouvera une synthèse dans mon ouvrage Berbères aujourd’hui (2e édition, Paris, L’Harmattan, 1998, chap. 11).
Il doit être clair que personne ne conteste à H. Sadi le droit d’avoir ses opinions et engagements politiques, quels qu’ils soient. Mais il est non moins clair que M. Sadi n’est pas simplement un individu, un militant de la culture berbère parmi d’autres ; il est le représentant officiel (de 2002 à 2004) et de fait en France d’une organisation politique algérienne ; un cadre de premier plan du parti politique fondé et dirigé par son frère Saïd, ce dont atteste le fait qu’il ait été élu président du RCD-France [2] en mai 2002.
- Un déni de toutes les normes académiques, une erreur politique
En chargeant, en juin 2004, H. Sadi du dossier de l’enseignement du berbère dans le secondaire, le MEN a commis une lourde erreur, une véritable faute éthique. Par rapport à l’INALCO, par rapport à toutes les normes académiques connues. Une faute politique aussi, par rapport aux Berbères de France.
D’une part parce que H. Sadi n’a aucun titre universitaire berbérisant, ni ne peut se prévaloir d’aucun exercice professionnel dans le domaine. La qualité de « locuteur berbère reconnu », de militant de la culture et de la langue berbères ou même d’amateur éclairé, ne peuvent pas, dans le cadre des normes et pratiques académiques françaises, faire d’un agrégé de mathématiques un spécialiste du berbère [3]. Et comme la France n’est pas une de ces républiques bananières où l’on fabrique des « Docteurs par décret », en fonction des besoins de l’instance politique, H. Sadi n’avait aucune des qualités (académiques) requises pour se voir chargé de cette mission.
D’autre part, parce que cette nomination était un désaveu de l’INALCO, institution universitaire de la République qui enseigne le berbère depuis 1913 et délivre depuis 1995 tous les diplômes nationaux de berbère (Licence, Maîtrise, DEA et Doctorat) ; qui, depuis 10 ans, était en charge du dossier du berbère au Bac. Qui plus est, avait été formellement sollicitée par le MEN pour mettre en place l’expérience d’enseignement au lycée Lavoisier, pour laquelle des propositions précises avaient été faites par S. Chaker et confirmées par le Président de l’INALCO. Il y a là un véritable tour de passe-passe, une légèreté sidérante vis-à-vis de la norme et du bon sens académiques.
Enfin, c’était une erreur politique pour au moins trois raisons :
– D’abord parce que cette nomination manifestait le peu de considération, voire le mépris, dans lequel on tient les Berbères de France, citoyens français, locuteurs d’une « langue de France ». Pour certains responsables français, un « locuteur berbère reconnu », pour reprendre la formule du Conseiller pour l’Education et la Culture du Président Chirac, suffit pour remplir les fonctions d’enseignant et d’inspecteur de fait pour la langue berbère.
– D’autre part, parce que c’était imposer aux Berbères de France, nécessairement divers dans leurs opinions et engagements politiques, le représentant d’un parti politique étranger, parfaitement connu et identifié comme tel, au moins par tous les Kabyles.
– Enfin, parce que c’était oublier que « berbère » ne veut pas dire « kabyle » et que 65 % des candidats aux épreuves de berbère sont d’origine marocaine.
- Une tentative de mainmise politique algérienne
La nomination de M. Sadi aux fonctions de « Chargé de mission pour le berbère » cachait et avalisait donc la mainmise d’un parti politique algérien sur l’enseignement du berbère dans le secondaire en France. Ces pratiques de pollution et d’instrumentalisation des champs culturel et académique par cette organisation ne sont pas nouvelles : elle sont même systématiques, en Algérie comme en France, depuis la création de ce parti.
Mais derrière l’apparence, le RCD, se profile l’ombre du pouvoir algérien. Dès sa création, le RCD est apparu comme un parti étroitement lié aux sphères dirigeantes algériennes, en particulier au groupe des généraux « éradicateurs ». Le parti politique que représente M. Sadi est depuis sa création en 1989 sur des positions de collaboration structurelle avec le pouvoir politique en Algérie. Le RCD s’est, avec constance, mis à la disposition des différents régimes non démocratiques qui se sont succédés en Algérie depuis 1989. Il a appelé à « l’interruption du processus électoral » en décembre 1991/janvier 1992, c’est-à-dire au coup d’état militaire ; durant toute la décennie 1990, il a constamment défendu la ligne des généraux « éradicateurs » ; il a activement soutenu A. Bouteflika après son retour à Alger en 1999 et participé (de 1999 à 2001) au gouvernement sous la première présidence de A. Bouteflika... On a donc affaire à une force politique clairement positionnée dans l’échiquier politique algérien : un parti de « Kabyles qui se sont mis au service du pouvoir », pouvoir auquel ils servent de relais en direction de la Kabylie et des populations kabyles ; il ne s’en est d’ailleurs jamais caché. Et la brouille récente [4] avec M. Bouteflika n’est due qu’au fait que le RCD a choisi le « mauvais cheval » (M. Benflis) lors de la dernière élection présidentielle algérienne.
Quand je parle du RCD, j’entends naturellement la direction et l’ossature militante active de ce parti. Car je sais bien que de nombreux Kabyles, dans les premières années qui ont suivi sa création, ont adhéré spontanément et en toute bonne foi à cette organisation qui était à la fois nouvelle, portée par des acteurs nouveaux dans le champ politique algérien et dont le noyau dur était auréolé de la répression subie dans les années 1980. Mais dans un régime autoritaire comme celui de l’Algérie, rompu à toutes les méthodes d’infiltration, de manipulation et de récupération, la répression subie n’est en aucune manière un gage ni d’indépendance, ni de sincérité. On connaît bien le cas parallèle des communistes algériens (PAGS) qui, après avoir été le fer de lance de la résistance au coup d’état du 19 juin 1965, après avoir été emprisonnés et torturés, sont progressivement devenus, dans le courant des années 1970, les auxiliaires zélés du régime ultra-répressif de Boumediene, qu’ils ont activement défendu, contre tous les démocrates, contre les berbéristes, au nom des acquis révolutionnaires ! C’est un processus similaire qu’a connu le groupe berbériste qui est à l’origine du RCD : opposition > répression > récupération et instrumentalisation par le pouvoir politique, l’agent direct de ce retournement étant bien sûr l’omniprésente et redoutable police politique algérienne, la "Sécurité militaire" [5].
Ce n’est donc pas n’importe quel « courant de pensée », parmi d’autres, qui a tenté de prendre le contrôle de l’enseignement du berbère en France : c’est un parti politique algérien étroitement lié au régime d’Alger. Confier l’enseignement du berbère dans le secondaire au représentant du RCD en France revenait donc tout simplement à le confier à Alger.
Car Alger veille en permanence à ce que le champ berbère, en Algérie bien sûr, mais aussi en émigration, ne lui échappe pas. Et pour cela, Alger a développé depuis très longtemps des stratégies diversifiées et complémentaires : infiltration systématique du réseau associatif berbère en France - ce qui est une évidence connue de tout le monde -, mais aussi constitution de réseaux d’influence [6] et de placement de relais d’influence au sein même des instances françaises. C’est dans ce cadre que l’on peut comprendre ce qui vient de se passer.
Deux indices factuels confirment d’ailleurs cette analyse : je sais de façon précise que, à plusieurs reprises ces dernières années, l’Algérie est intervenue auprès du MEN pour tenter d’intégrer l’enseignement du berbère dans les ELCO ; d’autre part, au printemps 2002 comme en 2004, l’hypothèse de confier les enseignements de berbères aux associations culturelles berbères de France a été expressément mentionnée et défendue par M. Sadi et par certaines autorité françaises (voir en annexe la lettre de M. Maistre, p. 2) ; le but évident étant d’organiser ainsi à la fois leur marginalisation, leur « sortie de l’institution publique » et leur récupération par le biais d’associations « amies » (du RCD et/ou de l’ambassade d’Algérie).
6. QUELQUES ENSEIGNEMENTS DE LA « CRISE »
Mais, dans cette manœuvre de grande envergure, le RCD, ses donneurs d’ordre d’Alger, comme ses éventuels soutiens français, ont simplement oublié que la France est un Etat de droit dans lequel les libertés publiques sont assurées. Ils ont oublié en particulier les latitudes d’action que procurent la liberté de la presse, la liberté d’expression et la protection que donnent la loi et les statuts aux individus et aux institutions.
Le RCD a réussi en juin 2004 à faire confier le dossier de l’enseignement du berbère à son représentant en France, mais ni lui, ni personne ne pouvaient imposer le silence à Salem Chaker, ni à l’INALCO, et leur « faire avaler la couleuvre ». En France, ni un ministre, ni même la Présidence de la République ne peuvent « donner d’ordre » à un modeste professeur d’université, ou à une institution universitaire, régis et protégés par leurs statuts.
Nous devons maintenant reprendre, avec l’aide de tous les Berbères de France, de toutes les bonnes volontés, le dossier sur des bases positives et constructives, et non comme un champ à contrôler au profit d’intérêts occultes.
Pour nous, le cadre et l’objectif stratégique ne peuvent être que ceux qui ont émergés en 1999 du débat sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Le berbère a été répertorié comme « langue de France », il doit être traité comme sont traités l’occitan ou le breton. La logique implique que les dispositions qui existent pour le breton, pour le basque ou l’occitan, soient progressivement étendues au berbère, pour aboutir à terme à la création d’un CAPES (bivalent) de berbère, et donc de postes et d’enseignements stabilisés dans le secondaire. Si le berbère est « langue de France », cela signifie que c’est la langue de citoyens français qui ont les mêmes droits que les autres citoyens français, et donc on ne voit pas pourquoi les petits Bretons pourraient recevoir un enseignement de langue vivante 2 ou 3 en breton et pas les enfants berbères. Même si, bien sûr, nous savons que les choses ne sont pas aussi mécaniques, aussi simples, qu’il faut les adapter au cas particulier, qu’il faut des expérimentations, des délais d’exploration et de mise en place.
Mais, au niveau du principe et des objectifs stratégiques, si on dit que le berbère est « langue de France », si le berbère est une épreuve dans un examen national français, il n’y a pas de raison qu’il n’ait pas les mêmes chances que les autres langues de France.
C’est dans cette perspective là que nous nous sommes impliqués, que l’INALCO s’est impliqué et que nous inscrirons notre action pour l’avenir.
[Paris, le 17 mars 2005]
1. Courrier de M. Gilles DELOUCHE, Président de l’INALCO, en date du 22/01/2004, à M. Rolland JOUVE, Conseiller au Cabinet de Monsieur le Ministre de l’Education nationale.
Dont copies à :
M. Jean-François COPE, Porte-Parole du Gouvernement.
M. Jean-Jacques AILLAGON, Ministre de la Culture.
M. Jean-Paul de GAUDEMAR, Directeur de l’Enseignement Scolaire (DESCO)
2a. Courrier de S. Chaker à M. Roch-Olivier MAISTRE, Conseiller pour l’Education et la Culture de Monsieur le Président de la République, en date du 14/10/2004.
2b. Réponse de M. Roch-Olivier MAISTRE, Conseiller pour l’Education et la Culture de Monsieur le Président de la République, à S. Chaker, en date du 9/11/2004.
3. Courrier de S. Chaker à M. G. DELOUCHE, Président de l’INALCO, en date du 10/01/2005.
Annexe 2.a.
Annexe 2.b.
Annexe 3.
Lire également :
– Entretien avec le Professeur Salem Chaker
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[1] « La voie étroite : la revendication berbère entre culture et politique », Algérie-Actualité, n° 1280 du 26 avril 1990. La version définitive de ce texte est parue dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord XXVIII, 1988 [1990] ], p. 281-296.
[2] H. Sadi a été élu Président du RCD-France le 8 mai 2002. Jusqu’au 21 janvier 2005, c’est cette situation qui figurait dans les registres de la Préfecture de police de Paris. Une modification tardive semble avoir été faite le 25 janvier 2005, c’est-à-dire après la première dépêche de presse qui a rendu publique l’affaire, dépêche dans laquelle M. Sadi niait catégoriquement avoir un quelconque lien avec le RCD (Dépêche AEF du 18 janvier 2005). Rappelons que, la France étant un Etat de droit, ces documents sont accessibles à toute personne qui en fait la demande à la Préfecture.
[3] Il y a bien des mathématiciens ou des physiciens, comme mes amis R. Achab ou K. Naït-Zerrad, qui peuvent se prévaloir de la qualité de berbérisants, mais eux ont fait l’effort de soutenir une thèse de doctorat en linguistique berbère et ont exercé de nombreuses années comme enseignants de cette langue, notamment à l’INALCO. De plus, ils ont été qualifiés en tant que tels par les instances universitaires nationales françaises (CNU).
[4] Brouille que le RCD a tenté d’exploiter pour se refaire une virginité et se présenter comme un parti « d’opposition démocratique » !
[5] La dénomination officielle n’est plus celle-ci, mais l’usage veut qu’on la maintienne car elle marque bien la continuité d’un mode de gestion politique, fondé sur le contrôle des individus et la terreur, mis en place au sein même de l’"Armée de frontières" durant la guerre d’Algérie, par le tandem Boussouf - Boumediene. Depuis l’indépendance, c’est là que là se situe le centre ultime du pouvoir en Algérie.
[6] Dans cette stratégie d’influence et de pénétration, les « amis historiques » de l’Algérie (surtout à Gauche, au nom des vieilles solidarités anti-coloniales), mais aussi les « amis du monde arabe » (surtout à Droite, au nom de la politique arabe de la France) ont été les alliés constants du régime d’Alger.