"Il n’y a d’avenir pour la Kabylie que dans un gouvernement autonome !"

Un Etat illégitime, créé de toute pièce par la France coloniale, à l’instar des autres Etats qui occupent l’Afrique du Nord, Tamazgha, aujourd’hui.
Ces Etats sont à combattre et les frontières qui les dessinent doivent disparaître. Et que sera enfin libéré le peuple amazigh.
Il est donc évident que l’avenir de la Kabylie ne pourra se concevoir dans le cadre de l’Etat algérien, comme l’avenir du Rif ne pourra se concevoir dans le cadre de la monarchie marocaine,...

Ci-après le compte-rendu de la réunion des militants du MAK à Ighil Ali.

TIMANIT I TMURT N IQVAYLIYEN MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE

Compte rendu de réunion

Une soixantaine de délégués du MAK se sont réunis jeudi 26 février 2004 à Ighil Ali sous la présidence de son porte-parole, M. Ferhat Mehenni, pour faire le point sur la situation qui prévaut en Kabylie et l’attitude à adopter vis-à-vis des élections présidentielles. Après un large débat, les participants ont voté à l’unanimité le rejet du scrutin du 8 avril 2004.

Ils ont pris acte du fait que le dialogue entamé par certains membres des Archs avec le chef du gouvernement pour la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur a tourné court. Le représentant de l’Etat n’a pas apparemment les pleins pouvoirs pour aller dans le sens de leurs revendications. Son offre de dialogue n’est en réalité qu’une manœuvre visant à amener la Kabylie à aller voter aux présidentielles du 8 avril prochain en contrepartie de quelques vagues promesses sur les points litigieux (départ définitif des gendarmes de la région, jugements des assassins de nos enfants, officialisation de la langue amazighe, statut de martyr pour les victimes du printemps noir et, enfin, transfert des prérogatives exécutives de l’Etat aux instances démocratiquement élues) et non de leur application. Des tractations sont en cours pour corrompre les dialoguistes, qui par l’argent, qui par des postes politiques pour les ramener à la table des négociations avant l’échéance électorale. Nos délégués tiennent à leur honneur par dessus toute considération matérielle ou de carrière. Le dialogue ne pourra reprendre dans la sérénité qu’une fois que les présidentielles seront derrière nous.

Les élections présidentielles qui mettent aux prises des clans d’un même pouvoir ne concernent pas la Kabylie qui les rejette d’avance. Les Kabyles pleurent toujours leurs enfants martyrs dont les assassins sont moralement les deux principaux candidats au scrutin d’avril 2004.

Notre Mouvement invite les candidats à cette élection à éviter de se rendre en Kabylie pour y mener campagne. Leur visite sera mal appréciée par la majorité des Kabyles qui y voient une provocation et un mépris total vis-à-vis de leur douleur et de leur martyr.

Les militantes et les militants du MAK seront, sur le terrain, partie prenante de toutes les actions citoyennes pacifiques en Kabylie en faveur du rejet des présidentielles.

L’activité économique réduite à néant dans notre région par la répression crée une situation sociopolitique tendue. Le pouvoir n’a pas encore compris que le fait de se venger de notre hostilité et de notre fronde par des mesures de rétorsion économique et des pressions fiscales renforce davantage notre défiance à son encontre qu’il ne ramène la Kabylie à plier genou devant lui. Les enseignants de Kabylie sont restés sans salaire depuis quelques mois et ses sinistrés du séisme du 22 mai 2003 comme ceux de celui de 1999 sont toujours abandonnés à leur triste sort. Comme par hasard il n’y a pas eu pour eux de téléthon organisé par l’Etat par le biais de l’unique télévision algérienne pour leur venir en aide comme ce fut le cas pour Bab-El-Oued ou Témouchent. Le MAK leur apporte son soutien.

Les nouveaux relais qu’il tente de se donner et de se fabriquer sur la scène politique régionale en vue de ramener cette partie du pays dans son giron sont d’ores et déjà voués à l’échec. La Kabylie a définitivement démystifié le système et le pouvoir en place. Il n’y a d’avenir pour elle que dans son gouvernement autonome, la démocratie, la justice, la transparence et la paix.

Seul un référendum régional sur notre avenir pourra résoudre la crise kabyle.

Kabylie le 27 février 2004
p/le MAK,
Ferhat MEHENNI,
Porte-parole.