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Hommage
Haroun l’immortel...
vendredi 3 juin 2005, par
Rendre hommage à un immortel c’est remémorer son parcours et son Histoire. Et si l’Histoire juge les Hommes, les Hommes font l’Histoire. Haroun fait partie ceux-là. La mort d’un poète et peintre est une légende. Il est comme l’air et l’infini ; il ne meurt jamais. Telle est l’absence physique de Masin u’Harun : il est en voyage, toujours en voyage. Il est seulement en voyage, il continue sa route, sa lutte et son combat...
A peine neuf ans après sa libération, il nous quitte. Et neuf ans déjà depuis son absence. Même si on ne le verra plus mais l’homme qu’il était, le poète, le peintre, le symbole de lutte et de combat pour la berbérité et contre l’oppression, l’incorruptible qui a refusé tout ce qui lui a été proposé, le symbole de l’honnêteté, symbole de courage et d’abnégation qu’il était, il sera toujours présent dans nos mémoires ; il sera dans nos cœurs à jamais.
Comme je l’ai connu avec Masin Ferkal, juste après sa libération en 1987, il demeure toujours vivant, il est parmi nous le messager de nos ancêtres.
Le souvenir le plus marquant de Haroun, et qui reste gravé dans ma mémoire, est la rencontre du 10 février 1989 au centre culturel d’Iferhounène. C’était le jour de l’Assemblée générale constitutive de notre association culturelle à laquelle Haroun avait suggéré le nom TIGERGERT et qui a été retenu par les fondateurs de l’association. "Tigergert" étant le véritable nom de la chaîne montagneuse de Kabylie "le Djurdjura" ; et c’est Haroun qui nous l’apprenait ce jour-là. A l’unanimité, l’assistance avait décidé de nommer Masin u’Harun président d’honneur de l’association. Ce jour-là, il était notre avocat, notre défenseur avec son discours convaincant. En effet, des individus sont venus (peut-être étaient-ils dépêchés pour accomplir une mission ?!) pour nous nous convaincre de l’inutilité de la création d’une association. Ils tenaient vraiment à nous déstabiliser ou du moins nous détourner de l’objet de la réunion. Haroun est intervenu à plusieurs reprises pour nous encourager et battre en brèche les arguments des ces individus.
Nous ne pouvons oublier également sa contribution et ses interventions dans l’organisation du deuxième séminaire du MCB en juillet 1989 à Tizi-Ouzou.
Haroun a toujours donné ce qu’il avait ; le savoir, les idées, l’expérience de lutte politique, les idéaux de justice,... sans jamais rien demander en contre partie. Il a vécu debout, tête haute, fière d’être fils d’un maquisard mort au champ de bataille lors de la guerre d’Algérie, fier d’être militant de la cause amazighe.
C’est un militant méritant. Il mérite qu’on lui rende les meilleurs hommages. Lui qui a dit un jour : "La langue berbère n’est pas un dialecte archaïque qui ne mérite, comme on le crois généralement, aucune considération, mais un chef d’œuvre linguistique qu’il faut a tout prix développer et promouvoir. Un jour le Nord Africain sera, j’en suis sûr, fière de sa langue."
Et en fidélité à sa mémoire nous continuerons son combat.
Qqim di talwit a Masin amazià, a mas Har’un.
Pour la mémoire, il a laissé :
– Essai de grammaire ;
– Recueil de poèmes ;
– Tableaux de peinture ;
– Un projet d’académie berbère.
M.A. BENSIDER
Messages
1. > Haroun l’immortel..., 25 juillet 2005, 12:12, par Bahbouh Lehsene
Nous avons lu avec un grand intérêt et satisfaction l’article de M. Bensider relatif à la vie et au décès de notre ami M. Haroune Mohand. Amicalement votre :
Bahbouh Lehsene
academietamaziptt@yahoo.fr