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L’Azawad trahi ?

dimanche 7 juillet 2013, par Masin

Depuis les années 1990, à chaque fois que des négociations ont lieu entre les mouvements armés touaregs et les états colonisateurs, le Mali et le Niger, des individus, consciemment ou inconsciemment, trahissent l’idéal du peuple touareg et de celles et ceux qui se soulèvent pour reconquérir leur dignité et se débarrasser du colonialisme. Ainsi, des individus se livrent à la compromission voire à la collaboration au détriment des intérêts du peuple touareg et de son pays.



Les négociations de Ouagadougou entre le gouvernement de la junte malienne et les représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ne sont-elles pas, à juste titre, la reproduction des scénarios qu’ont connus toutes les négociations qui ont eu lieu jusque-là ? Le risque de voir des Touaregs trahir l’Azawad n’est pas à écarter. Il n’est pas du tout étonnant d’entendre des Touaregs louer l’État malien. Il n’est pas étonnant d’entendre des Touaregs remettre en cause tout ce qui a été soutenu notamment par le MNLA depuis janvier 2012. Il n’est pas étonnant que des Touaregs contribuent à faire oublier toute la barbarie malienne commise dans l’Azawad notamment depuis janvier 2013, à l’ombre de l’intervention française.

Plusieurs choses expliqueraient de telles trahisons.
Tout d’abord, des individus sont restés en embuscade au sein du MNLA depuis le début du soulèvement ; leur rôle est d’agir le moment voulu pour défendre les options de leur maîtres. Disons que ce sont des mercenaires qui sont payés pour cette mission. D’autres ont dû être travaillés par divers services notamment algériens et français pour les retourner. D’autres, par ambition démesurée doublée de la bêtise, se verront dans des postes à Bamako ou à la tête d’institutions fantoches maliennes qui sous-traiteront la politique de cette voyoucratie sur le territoire de l’Azawad. A ne pas oublier que les trois milliards d’aide accordés au Mali attisent l’appétit y compris de certains Touaregs. Enfin, les services français ont beaucoup travaillé pour manipuler et duper certains Touaregs qui défendront bêtement – l’inexpérience politique aidant – le projet de la France. La France qui, nous le savons, n’a qu’un seul souci : réinstaller l’armée et l’administration malienne dans l’Azawad, en d’autres termes "Nord-Mali-ser l’Azawad" !

Aujourd’hui, avec le retour de l’armée malienne à Kidal, avec la bénédiction des négociateurs du MNLA et du HCUA, assistons-nous au début de la fin de l’Azawad et de tous les espoirs nourris par plus d’un an et demi de luttes ? Ce retour d’assassins à Kidal n’est-il pas le parachèvement du plan français pour l’Azawad ? Osons espérer que non…
Les Touaregs, ceux qui se battent au quotidien et qui risquent leurs vies, sont-ils vraiment prêts à abandonner leur combat ? Pourront-ils trahir la mémoire de ceux qui sont tombés pour l’indépendance de l’Azawad ? Est-il concevable d’admettre le retour de l’armée malienne dans l’Azawad alors que des centaines de combattants sont tombés au combat pour l’indépendance de leur pays ? Est-il envisageable d’accepter le retour dans l’Azawad d’une armée qui est responsable de l’assassinat de milliers de personnes innocentes ? Est-il normal que ces barbares reviennent dans le pays de ceux qu’ils ont torturés et à qui ils ont pris biens et bétail et à qui ils ont tout détruit ? Est-il normal que nous acceptions que notre sort soit toujours scellé par nos ennemis instrumentalisant nos traîtres et nos « bras cassés » ? Est-il normal que nous assistions indifférents au démantèlement de nos projets et à voir notre dignité bafouée ?

Osons espérer que rien n’est encore scellé et que des femmes et des hommes, ceux qui tiennent à leurs liberté et dignité, sont plus que jamais déterminés à poursuivre le combat pour la libération de l’Azawad… Le temps nous le dira…


Masin Ferkal.

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