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"Négocier" n’est pas "aimer" !
par Sid-Lakhdar Boumédiene
dimanche 15 juin 2003, par
Originaire de l’Oranais, Sid-Lakhdar Boumédiene fait partie de ces rares intellectuels qui affichent une solidarité exemplaire avec le combat amazigh. Au delà de ses positions trancahées par rapport au régime algérien qu’il a toujours dénoncé, il n’a jamais eu de complexe quant à la question amazighe qu’il considère comme cause naturelle non négociable.
Nous publions ici une contribution qu’il a bien voulu nous adresser au lendemain de la "libération" des détenus politiques de Kabylie par le régime algérien qui "tend la main" pour un "dialogue" avec le mouvement kabyle né du Printemps Noir.
par SID-LAKHDAR Boumédiene (*)
De jeunes concitoyens, dans la fleur de l’âge, ont été libérés d’un calvaire insoutenable qui aurait pu les mener à la mort. Leur seul crime, s’être battus pour la reconnaissance de ce qui est sensé être naturel et inaliénable. Cela nous dispense que nous félicitions ceux qui libèrent les hommes pour cause de négociation après avoir légitimé un emprisonnement odieux.
Inlassablement, dans tous les propos que la presse algérienne a bien voulu éditer, j’ai déploré l’idée selon laquelle la reconnaissance des droits de mes compatriotes berbérophones serait arrachée au prix d’un rapport de force malsain et inacceptable. Il n’y a rien à négocier avec ceux qui traversent une carrière politique sans jamais dénoncer les plus horribles des crimes perpétrés par cette institution dont ils ont la charge. Il n’y a rien à négocier pour attribuer ce qui "est" et ne peut être renié.
Plus le temps passe et plus je désespère de la seule condition qui pourrait sauver cette nation algérienne en déperdition. Ce n’est pas négocier avec la communauté berbérophone qu’il faut, encore moins lorsque cela est imposé par des circonstances de troubles, mais se résoudre à interroger le plus profond de son intelligence et de sa raison.
Si cet exercice est définitivement exclu pour la génération du premier ministre, coulée au bronze d’une idéologie aussi inexpugnable de leur cerveau que cette moustache indéfectible à leur visage, nous l’aurions tout de même espéré de la jeunesse. Car cette dernière peut encore se ressaisir et comprendre une fois pour toute que le problème n’est pas de reconnaître nos frères Berbérophones mais de définitivement exclure ce questionnement de la tête. Nos frères de Kabylie sont nos compatriotes, un point c’est tout.
Comme pour chacun de nos compatriotes, aucune force au monde ne peut empêcher que se perpétuent la langue et les traditions de sa famille, de son éducation. C’est à ce prix, inlassablement répété, que se consolidera la nation algérienne et pas autrement. Des jours aussi maudits, si ce n’est pire, nous attendent si la réflexion sur soi n’est pas entamée.
Je salue la libération de mes compatriotes et souhaite qu’ils intègrent de la manière la plus intelligente leur amère expérience. Entre la colère stérile et la tentation de tomber dans le piège de la main tendue à ces hommes indomptables et hors de toute humanité, espérons qu’ils sauront trouver la dimension de la sagesse.
(*) Un compatriote oranais. Enseignant.
Messages
1. "Négocier" n’est pas "aimer" !, 30 juin 2007, 23:54
je suis arabophone et je ne me sens pas moins berbere que les habitants de toute
l afrique du nord
est ce que c est pas la méconnaissance de notre histoire qui est à l origine de tous les malentendus !
j ai un livre à conseiller si vous voullez bien ; c est l unique biographie
de jugurtha .
titre : JUGURTHA UN BERBERE CONTRE ROME.
auteur : HAOUARIA KADRA
édition : ARLEA
année 2005