Accueil > Culture > Littérature > "Ah’iwec" : un recueil de poésie kabyle

"Ah’iwec" : un recueil de poésie kabyle

de Belqasem Ihiğaten

jeudi 3 mars 2005, par Masin

Nombreux sont les poètes, les romanciers et autres producteurs de la littérature amazighe qui n’ont pas attendu la prise en charge de leurs productions pour les publier. Belqasem Ihiğaten en est un. Il a publié, en 2004, un recueil de poésie kabyle qu’il a intitulé Ah’iwec.


L’ouvrage comporte une introduction en français de Nacer Oukemmoum par laquelle il dit combien l’instruction et l’écriture sont importantes pour une langue et son devenir. Cette écriture à laquelle l’auteur de l’ouvrage y tient.

L’ouvrage, comme il est signalé dans l’introduction, se veut accessible aussi bien aux profanes qu’aux initiés à la langue kabyle : le timbre régional du poète est rendu par une présentation simple des textes mais les règles grammaticales sont également respectées. Et pour faciliter justement la lecture de l’ouvrage, des notes ont été apportées en introduction. Pour respecter l’intonation propre en usage dans la région de l’auteur, une partie de certains mots est notée en exposant. La lecture ne tiendra pas compte de cette partie ; "elle est représentée pour respecter la grammaire et l’orthographe de la langue". Les choix d’écriture faits pour la transcription des textes ont été largement expliqués et illustrés par des exemples. L’alphabet est également donné juste après l’introduction et avant les textes kabyles.

Cette démarche de l’auteur est à saluer car - abstraction faite des choix effectués - cela facilite vraiment à l’usager la lecture des textes.

288 pièces de poésie composent cet ouvrage. Elles sont suivies d’un lexique d’un peu plus de 120 mots.


Né en 1956 à Guendoul en Kabylie, l’auteur, de son vrai nom Boussad Ouidja, est de formation ingénieur mécanicien. Il obtint son diplôme à l’INIL (Boumerdès) en 1982. En 2000, il prit le chemin de l’exil e atterrit en Amérique du Nord.
C’est très jeune que Belqasem Ihiğaten a commencé à composer des poèmes (1974-1975) et c’est depuis longtemps qu’il rêve de se voir publier. Ce rêve est réalisé puisqu’en 2004 il voit son premier recueil de poésies publié en Kabylie. Pour se faire, l’auteur a été contraint à le faire à compte d’auteur. Mais, à l’instar de nombreux poètes amazighs, l’auteur n’a pas d’autre choix que de faire appel à ce procédé afin de voir ses œuvres publiées : l’édition amazighe ne bénéficiant pratiquement d’aucun soutien sérieux et conséquent.


La poésie de Belqasem Ihiğaten touche un peu à tous les domaines de la vie, mais les thèmes de l’exil et de Tamurt (le Pays) sont récurrents.

Pour vous donner une idée de la poésie de Belqasem Ihiğaten, nous reprenons trois de ses poèmes publiés dans cet ouvrage.

Ajr’ad

Yers-ed wejr’ad γer yiger
I d-yewwi d nnger
Yeggul ur yeğği aεeqqa.

Am lemwaji i d-yefferfer
Igenni yeffer
Yugar tt’rad n Fr’ansa.

Tamurt yenγa wesberber
Xas tar’wih’t tedder
Yiwwas kann a d-tini kra.



Nadiyya


Tayri rriγ-as isem
Ssebba-s d kem
Ddiγ abrid s lqella.

Tekksed’ sser γef wudem
N tlawin id’en
D ssix n lεin di tala.

Iz’ran n wul h’erqen
Deg yit’ij n ss’mayem
Ur teswi tayri n tmara.


U-Xeldun.

Axxam yeččur’ d isγaren
Ulac i s a nehreγ abhim

Di tmurt deg i nfan yergazen
Rrbeh’ yas-ed neγ yeqqim.

Wid yett’fen ikwersiwen
Lhan t-tikkwerd’a n wedrim.

Wid ur nebγi i d-inet’qen
Tawwurt n lh’ebs a tt-llin.

Anda h’ekmen waεraben
Yezz’aden irden d walim.

Ibn Xeldun yessen-iten
Ur yeğği kra di tezmamin.




Belqasem Ihiğaten, Ah’iwec (tamedyazt), Tizi-Wezzu, 2004. [A compte d’auteur]
172 pages.

Messages

  • Azul fell-awen d fell-akºent,

    Tout d’abord je voudrai apporter un additif au poème de "Ajr’ad" dont le début du poème (le premier vers) manquait :

    "Yers-ed wejr’ad gher yiger/ "I d-yewwi ...

    Pour le reste, "AH’IWEC" un recueil de trois centaines de poèmes brefs certes mais concis dont le contenu, diversifié et très instructif, nous démontre la force poétique et la minutie du poète. Pour ma part, j’ai d’abord apprécié la présentation, claire, aérée et moins lassante ; puis la structure ancienne qui nous rappelle nos aèdes du XXe siècle ; et en fin le contenu : il m’a semblé voyager avec la poète, pour ne pas dire que je me suis fait charrier et drainer au travers de tous le corpus. Cela dit, quelques sujets traités ont l’âge de l’humanité, très classiques et immortels, d’autres nous rapportent et fixent des événements concrets et d’autres encore nous envahissent pour rappeler notre faculté de penser et réfléchir à ce qui nous entoure, la philosophie sur l’Être. L’espace ci-alloué n’est pas pour vous proposer des extraits, car tout le recueil est essence.

    "AH’IWEC" est aussi un précédent de plusieurs autres recueils, dont "Seg wawal gher wayed’" (paru en janvier 2005) et "Tamusta" (à paraître). Des dires de l’auteur, lui-même, "Un poème peut être écrit pour sauver un mot, un autre pour sauver une expression et un autre encore pour une toute autre raison. Pour finalement essayer humblement de sauver à ma façon cette belle langue complexe et charmeuse. Comme un tison dont on use pour raviver les braises." Sauver... une BELLE langue COMPLEXE et CHARMEUSE aux détriments des difficultés matériels et menaces temporelles.

    Lisez et sauvez vous aussi.

  • azul fell-awen
    puisque l’occasion est là ; j’ai eu l’occasion de lire les deux recueils du poète , celui dont il est question "ahiwec" et celui qui vient de paraitre seg wawal gher wayed "
    comme le disait nnaser le poète nous rappelle nos aedes des temps passés mais avec une touche actuelle
    lire belqasem ihidjaten est vraiment un régal de la langue kabyle pure .
    bonne continuité a dda belqas merci

  • Tes poemes sont comparables aux racines d’un arbre fruitiers !Ces poemes sont pertinents de même que ces racines sont solides et tiennent bon dans cette terre de nos ancêtres. Et que dire des fruits de notre arbre ! Séculents et excellents en tout temps et en tout lieu.
    C’était de gaieté de coeur que j’ai lu ton premier roman. J’ai trouvé tout ce qu’il y avait de pûre dans la poesie en général.
    J’apprends que le deuxième roman est en vente et que le troisième est fin prêt. J’ai hâte de les lire et par cette occasion je t’encourage de continuer à aller toujours de l’avant dans ton travail poetique et sincerement c’est merveilleux ce que tu fais.
    bon courage.
    Salah

  • azul pour vous tous Pour le amoureux de la belle poèsie , les deux titres de l’auteur à savoir ahiwec et seg wawal gher wayedh sont conseillés
    Pour les acquérir en algerie ils sont disponibles à tizi-ouzou aux librairies cheikh et ait mouloud , ausi chez ourahmoun
    comme ils sont disponibles à azazga et freha ....
    pour plus ample informations contactez yidslim@yahoo.fr

    • Azul et merci pour vos poèmes

      Je taquine moi aussi la muse et je

      viens d’écrire un poème à l’occasion du

      printemps berbere dont voici le texte :

      TE REVOILA ANNIVERSAIRE

      Pour la première fois depuis vingt cinq ans
      Le mort inconnu qui est peut-être mon frère
      A été salué par des Algériens libérés de leur peur.
      Pour la première fois
      En ce jour du grand anniversaire
      Nous pouvons relever la tête
      Malgré les deuils et les craintes du lendemain.
      20 avril, tu as 20 ans,
      Dis-moi quelle autre date mystérieusement inscrite
      Sur le grand livre de l’Histoire
      Que nul n’a encore lu
      Deviendra le Jour des Jours
      Que l’écolier fièrement cite,
      Celui qui sonnera la fin
      D’un combat millénaire ?
      Tant d’efforts,
      Tant de morts…
      O morts,
      N’est-ce pas qu’un peu de vous
      Subsiste dans notre sol
      Vous hommes libres de l’Algérie insigne
      Qui vous êtes défaits depuis des siècles
      Incorporés dans notre terreau,
      Le blé que nous mangeons, l’huile,
      Sont un peu de vous aujourd’hui,
      Nourris de vos os !
      A vous qui fûtes l’Algérie
      Je pense en ce 20 avril
      Si chargé à nouveau d’angoisses et d’orgueil,
      N’est-ce pas que la délivrance
      Va bientôt poindre à l’horizon,
      Méritée par tant de deuils ?
      O morts de mon pays,
      Les yeux tournés vers l’Est
      Tandis que notre nuit s’achève,
      J’attends fermement la lueur
      Qui annonce que le soleil se lève…

  • J’HABITE EN AUSTRALIE.

    COMMENT PUIS-JE ACHETER CET OUVRAGE ?

    Y-A-T-IL UNE TRADUCTION FRANCAISE OU ANGLAISE ?