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Ahcène Adjroud : une rencontre sympa...

samedi 2 avril 2005, par Masin

Chanteur kabyle des années 80, Ahcène a fait le bonheur des auditeurs de la chaine 2 (chaîne kabyle de la radio algérienne) et des mélomanes de ces années-là. Son premier album a vu le jour en France, chez les éditions Azwaw en 1980. Il a continué son petit bonhomme de chemin jusqu’en 1992, année où il a décidé de faire un long break, après la production de pas moins de cinq albums. Il nous revient avec un magnifique opus : un cadeau pour les fans de la génération 80 et certainement une véritable découverte pour les jeunes d’aujourd’hui. Nous l’avons rencontré inopinément du côté de Montreuil. Une très longue discussion à bâtons rompus avait eu lieu entre l’artiste et la meute de copains que nous sommes. C’est le printemps, il fait beau à Paris, et la rencontre ne pouvait être que plus belle. Ahcène a répondu à nos questions avec une grande spontanéité. Les questions pleuvaient de chaque côté... Mais c’était zen. Une raison qui nous pousse à partager avec les lecteurs de Tamazgha.fr l’essentiel de ce qui s’est dit ce dimanche 27 mars 2005 : d tafsut ay atmaten.



Kra isallen : Azul ay anaz’ur, peux-tu nous résumer ta carrière en quelques mots ?
Hacène Adjroud :Mon premier album a vu le jour en 1980 chez les éditions Azwaw, c’était produit par Idir qui était à l’époque directeur artistique des éditions Azwaw à Paris. Plusieurs albums ont suivi durant une bonne décennie... jusqu’en 1992.


Mais avant ?

Avant, j’étais étudiant, chose qui me permettait de hanter les amphis des universités de Kabylie, où je me produisais régulièrement.


Et pourquoi le choix de l’exil Ahcène ?

Un jour je me retrouve enseignant. Un métier noble n’est-ce pas ! Mais le problème c’est que je devais dispenser mes cours en arabe, chose que je ne pouvais pas faire pour la simple raison que je ne maîtrisais nullement cette langue. Alors entre participer à la formation d’élèves analphabètes et l’exil, le choix s’est fait de lui-même.


Tu étais très régulier dans tes productions jusqu’en 1992, et depuis c’est le silence radio ... Peut-on connaître les raisons de ton retrait ?

Effectivement, depuis 1992 je n’avais rien produis. J’avais décidé de faire un break et prendre du recul ; ceci pour plusieurs de raisons. Je pourrais citer entre autre l’arrivée d’une nouvelle vague musicale en Kabylie - les gens n’écoutaient plus la chanson à texte - le non-stop dansant prenait le dessus. Il y avait aussi le fait que les producteurs ont suivi le mouvement ; ils ne prenaient plus le risque de produire un chanteur qui ne faisait pas danser le public, et de là à s’auto-produire pour finalement voir le travail "pourrir" chez soi ou sur les étals des disquaires, ce n’était pas mon truc. Je ne pouvais pas écrire, composer, chanter et produire, c’est-à-dire dépenser de l’argent, pour qu’enfin le produit n’atteint pas son but. Alors j’ai préféré prendre du recul.


Mais le recul que tu as pris a pris beaucoup de temps ay ameddakel ( 13 ans ) !

C’est vrai que c’est beaucoup, mais au fond je devais revenir bien avant, sauf que les circonstances n’ont pas été favorables...


C’est-à-dire ?

C’était en 1998, feu Lounès Matoub m’avait redonné le goût de revenir à la chanson, mais son assassinat était traumatisant. J’avais de nouveau perdu tout ce qui me stimulait...


Justement, parlons-en. Ttu as participé à l’ultime album de Lounès (lettres ouvertes aux...)...

Absolument. Et dès que l’album est bouclé, Lounès m’avait proposé de faire une grande tournée avec lui, c’était sa manière à lui de me remettre sur scène et de me redonner le goût de la chanson, malheureusement le sort en a décidé autrement. Il n’est jamais revenu...


Comment tu as vécu la disparition de Lounès ?

Un vrai cauchemar, un truc pas possible. Il m’a fallu beaucoup de temps pour pouvoir accepter la calamité. Sa mort était l’une des causes qui ont fait que je renonce à la chanson durant de longues années encore.


J’imagine que le retour était difficile pour toi ?

C’est clair ! Mais deux choses essentielles m’ont poussé à revenir. D’abord la forte demande des gens que je rencontrais et qui ne trouvaient même pas mes anciens produits sur le marché, ainsi que la disparition de ma mère. D’ailleurs cet album s’intitule "Tajmilt i yemma" (hommage à ma mère), il contient 13 chansons dont 11 anciennes et 2 nouvelles.


Pourquoi avoir repris des anciennes chansons ?

Comme je viens de te l’expliquer, mon public n’arrive plus à trouver mes anciens produits, alors j’ai pensais à refaire quelques unes des chansons que le public aime écouter... D’autant plus que les moyens techniques des studios sont meilleurs que les années précédentes.


Où as-tu réalisé l’album ?

En Kabylie, au studio Yugurten à Azazga. D’ailleurs je profite de cette occasion pour dire un grand merci à l’équipe technique et à tous les musiciens qui ont participé au travail, ce sont de vrais professionnels. Bravo les gars !


Et qu’en est-il de la voix féminine de album ?

Effectivement, c’est Nouria, une jeune chanteuse kabyle qu’on m’a présentée sur place. J’ai trouvé sa voix sublime et je crois franchement que c’est une fille à encourager. Elle peut aller très loin dans la chanson. C’est tout le bien que je lui souhaite.


Et la sortie de l’album est prévue pour quand ?

Il est déjà dans les bacs ici en France. Il sortira dans quelques jours en Algérie.


Awal-ik n taggara Ahcène...

Tanemmirt-nwen merr’a, ssarameγ d akken tizlatin-agi i d-skelseγ d tid ara d-yezgen di lebγi n uzayez. Azul i yimeγriyen n Tamazgha.fr.


Tanemmirt Ahcène, et bon retour à la scène artistique kabyle.


Discussion amicale animée par Mazighuc, S. Chemmakh et M . Amiri.

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